Débarquement tchétchène sur les rives du Danube

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L'arrivée incessante de nombreux réfugiés tchétchènes en Autriche et les problèmes que cela entraîne suscitent de sérieuses préoccupations dans ce pays.

Les immigrants de Russie arrivent en Autriche en provenance de pays tiers, principalement de Pologne et de République Tchèque, où en règle générale ils ont déposé des demandes d'asile politique. Toutefois, ces pays qui en paroles "soutiennent la juste cause des Tchétchènes", n'ont pas l'intention d'accueillir les immigrants politiques tchétchènes. La presse a d'ailleurs évoqué à plusieurs reprises le désintéressement manifesté par les autorités polonaises et tchèques vis-à-vis des Tchétchènes contraints de vivre sous bonne garde dans des camps spéciaux ceints de barbelés. Prétextant les mauvaises conditions d'hébergement, les réfugiés tchétchènes quittent ces camps assignés par les autorités de ces pays et franchissent illégalement la frontière autrichienne.

Selon un chiffre officiel, cette année plus de 3.000 réfugiés de Russie sont entrés en Autriche. La plupart sont originaires de Tchétchénie. Bien qu'il soit de règle de classer les ressortissants russes en "originaires de Tchétchénie" et en "autres citoyens de la Fédération de Russie", les autorités autrichiennes font figurer les Tchétchènes dans leur comptabilité uniquement comme des citoyens russes sans préciser leur nationalité.

La raison essentielle est l'absence en Autriche d'interprètes de langue tchétchène et, d'une façon plus générale, de spécialistes des problèmes de la Tchétchénie, ce qui ne permet pas d'établir de manière précise l'identité des réfugiés, de vérifier les renseignements qu'ils fournissent, concernant notamment leur origine tchétchène.

Pour les experts locaux ce problème avait été soulevé par le gouvernement autrichien qui au début de l'année 2003 avait adopté la loi sur les "pays non dangereux". La Russie figure sur leur liste, exception faite de la République de Tchétchénie. En ce qui concerne celle-ci, l'Autriche s'est engagée à accueillir ses réfugiés politiques.

Dans ce pays alpin bordant le Danube les réfugiés sont entièrement pris en charge par l'Etat et placés dans des camps, des foyers et des pensions. Ces camps sont ceux de Traiskirchen, de Vorderbruehl et de Raichenau en Basse-Autriche et de Bad Kreuzen et de Thalhaim en Haute-Autriche. Ces sites peuvent accueillir 1.300 personnes. Le plus important est celui de Traiskirchen avec 850 lits.

La plupart des réfugiés tchétchènes sont hébergés dans des foyers et des pensions. On en dénombre au total 149 dispersés un peu partout dans le pays. Il y en a 16 à Vienne, 36 en Basse-Autriche, 21 et Haute-Autriche; 30 en Styrie, 10 au Burgenland, 13 en Carinthie, 10 au Salzbourg, 8 dans le Tyrol et 5 dans le Voralberg. Les autorités autrichiennes n'écartent pas la présence parmi les réfugiés d'anciens combattants séparatistes et d'éléments criminels, aussi s'emploient-elles à les isoler pour prévenir d'éventuelles situations conflictuelles dans les sites d'accueils.

Il est remarquable qu'on assiste à une réitération de la situation qui avait prévalu dans les années 90, lorsque l'Autriche avait accueilli massivement des réfugiés musulmans en provenance de Bosnie-Herzégovine et aussi albanais.

Il se pourrait que les Tchétchènes connaissent le sort des Bosniaques et des Albanais dont la plupart n'avaient pas obtenu définitivement l'asile politique en Autriche et ont été contraints de rentrer au pays après la normalisation de la situation.

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