Téhéran apprécie les efforts de Moscou

S'abonner
par Marianna Belenkaïa, RIA-Novosti

La rencontre au Kremlin entre le président russe Vladimir Poutine et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien Hassan Rohani est le meilleure preuve des rapports de confiance entre Moscou et Téhéran. C'est au Kremlin que M.Rohani a annoncé que son pays suspendait l'enrichissement d'uranium à partir de ce lundi et qu'il notifiait sa décision de signer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Cela permettra de durcir le contrôle des sites nucléaires iraniens.

M.Rohani est arrivé à Moscou en provenance de Vienne où il s'était entretenu samedi dernier avec les dirigeants de l'AIEA. A Vienne, il a promis de rédiger cette semaine une lettre officielle sur le gel du programme nucléaire iranien, selon le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohammed El-Baradei. A peine la semaine a-t-elle commencé que la lettre a été prête et M.Rohani l'a annoncé à Moscou.

Il est peu probable que la période de deux jours - de samedi à lundi - soit décisive pour l'élaboration d'un document tant attendu par la communauté mondiale. Rappelons que les négociations sur la signature du protocole additionnel au TNP et la suspension d'enrichissement d'uranium ont duré plusieurs mois.

Aux termes de la résolution adoptée par le Conseil des gouverneurs de l'AIEA, l'Iran devait manifester la transparence totale sur ses activités nucléaires avant le 31 octobre. Une semaine avant la date butoir, Téhéran a transmis un grand dossier à l'AIEA répondant à toutes les questions de l'agence.

L'Iran a annoncé pour la première fois son intention de signer le protocole additionnel et de suspendre l'enrichissement d'uranium le 21 octobre dernier, pendant une visite des chefs de diplomatie britannique, allemand et français à Téhéran. Cependant les autorités iraniennes n'ont par indiqué la date concrète de réalisation de cette promesse jusqu'au séjour actuel de M.Rohani à Moscou.

Ce n'est pas par hasard que M.Poutine a été le premier à apprendre la nouvelle sur l'envoi d'une lettre à l'AIEA. M.Rohani a ainsi apprécié la médiation de Moscou dans les négociations Iran-AIEA et le fait que la Russie est le seul pays à avoir aidé l'Iran à promouvoir le nucléaire civil malgré les critiques américaines et israéliennes. Moscou partage la préoccupation des États-Unis et d'Israël face aux développements nucléaires militaires iraniens, mais il estime que le renforcement du contrôle de l'AIEA permettra d'éviter le scénario négatif redouté par la communauté internationale. Dans cette optique, les diplomates russes ont activement œuvré pour persuader Téhéran de signer le protocole additionnel.

Les efforts diplomatiques russes n'ont pas toujours été publics. Le rôle de la Russie dans le compromis entre l'AIEA et l'Iran a été mis en doute après que le ministre russe des Affaires étrangères Igor Ivanov eut manqué les entretiens que ses collègues européens ont menés à Téhéran le 21 octobre.

Mais "la Russie a réalisé un grand travail" pour que le séjour des chefs de la diplomatie français, britannique et allemand en Iran soit fructueux", selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Lossioukov. La visite de M.Rohani à Moscou a confirmé cette déclaration.

Igor Ivanova noté, pour sa part, à l'issue de la rencontre avec M.Rohani que la Russie "se félicite du fait que l'Iran a annoncé sa décision à Moscou" mettant en valeur "le haut niveau de coopération, de confiance réciproque et des efforts concertés des deux pays dans l'arène internationale".

Moscou estime que la volonté de Téhéran d'accéder aux souhaits de l'AIEA ouvre de nouvelles possibilités de coopération avec la Russie et d'autres pays dans le nucléaire civil.

Les perspectives de coopération ont été au centre de la visite de M.Rohani à Moscou. Il a annoncé que l'Iran discuterait tout prochainement de la construction par la Russie du deuxième réacteur à la centrale de Bouchehr. D'ailleurs, il faut d'abord régler les questions concernant le groupe un. Téhéran espère que sa construction sera achevée au plus vite.

Le ministre russe de l'Énergie atomique Alexandre Roumiantsev a déclaré, dans une interview à RIA-Novosti, que la première tranche de la centrale sera connectée au système énergétique iranien en 2005. Tous les travaux seront achevés en 2004 et le réacteur sera mis en exploitation la même année.

Cependant la partie russe pourra respecter ce calendrier seulement en cas de signature urgente de l'accord bilatéral sur le renvoi du combustible irradié en Russie.

Concerté longtemps par les canaux diplomatiques, l'accord n'a toujours pas été approuvé par les ministères et départements concernés des deux pays. Il doit notamment fait l'objet d'une expertise écologique du ministère russe des Ressources naturelles. Il n'a toujours pas été décidé quelle somme l'Iran versera pour le nouveau combustible nucléaire et combien il compte obtenir pour le renvoi du combustible brûlé. Le ministère de l'Énergie atomique espère que ces problèmes seront tout prochainement réglés. L'essentiel est que l'Iran est prêt à en discuter. M.Rohani l'a réaffirmé cette fois.

La mise en exploitation du premier réacteur de Bouchehr pourrait servir d'un bon prétexte pour une visite du chef de l'Etat russe en Iran. M.Rohani a invité M.Poutine à se rendre à Téhéran au nom du président iranien Mohammad Khatami pour mener des négociations substantielles. La signature d'un accord russo-iranien sur la délimitation de la mer Caspienne serait aussi un bon prétexte pour une telle visite. Acceptant l'invitation, M.Poutine a souhaité évoquer le dossier de la Caspienne à Téhéran.

Rappelons que l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et la Russie ont ratifié, le 8 octobre dernier, un accord sur la délimitation de la mer Caspienne provoquant l'indignation de la partie iranienne. Mais Téhéran est prêt à un compromis. La 12e réunion du groupe de travail pour la Caspienne se déroulera à la fin de 2003 dans la capitale iranienne. Un sommet des pays riverains de la Caspienne est prévu pour le premier semestre de 2004. Il est probable qu'un compromis soit trouvé en temps opportun et que rien ne trouble l'entrevue de M.Poutine avec Mohammad Khatami.

MOSCOU, 10 novembre

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала