Le 11 novembre, le premier ministre indien, Atal Bihary Vajpayee, sera à Moscou pour une visite officielle de trois jours. Quelle est la dynamique des relations russo-indiennes ces derniers temps ? Le premier vice-ministre russe des Affaires étrangères, Viatcheslav Troubnikov, répond à cette question de notre correspondant.
- Je les qualifierais de relations de partenaires stratégiques. Nos contacts politiques, y compris au sommet, sont marqués par un dynamisme exceptionnel. Le chef de l'Etat russe s'est rendu à New Delhi. Maintenant, le premier ministre indien vient à Moscou. De multiples rencontres entre des personnalités officielles, des hommes politiques et des parlementaires des deux pays sont prévues jusqu'à la fin de l'année en cours. Notre coopération suit une ligne ascendante.
La nécessité est aussi venue à maturité de donner une nouvelle impulsion au développement des relations russo-indiennes dans le domaine commercial et économique. La Russie, après la dislocation de l'Union soviétique, traverse une difficile période de transition, passant d'une économie centralisée à une économie de marché, ce qui n'a pas manqué d'avoir des répercussions substantielles sur la qualité des rapports entre les deux pays dans ce domaine. Il convient d'examiner attentivement comment les structures d'exportation et d'importation ont évolué en Russie, et quels sont les progrès que l'Inde a enregistrés dans le développement de son industrie. Et bien sûr, il faut intéresser les milieux d'entreprise russes à s'implanter sur le marché indien et attirer les hommes d'affaires indiens en Russie. D'autant plus qu'il existe un domaine qui intéresse nos deux pays, celui des investissements. Aujourd'hui, les investissements indiens dans des projets pétroliers à Sakhaline témoignent d'une nouvelle étape dans la coopération économique entre les deux pays. Je pense que nous devons avancer justement dans ce sens.
Il convient aussi de prêter attention à notre coopération dans le domaine des hautes technologies. L'Inde y a enregistré des progrès notables et les Russes feraient bien de regarder ce dont ils peuvent profiter. Il existe, je pense, un autre aspect, aujourd'hui encore pour ainsi dire relégué au second plan, mais qui devrait, à mon avis, devenir prioritaire. Il s'agit de la publicité "agressive". Il est temps, depuis longtemps, de faire prendre conscience aux producteurs russes que l'Inde est un pays riche et moderne, et de les intéresser, en termes d'investissement. Pour cela, il existe des moyens multiples mais, à mon avis, il importe d'engager dans ce processus les chambres de commerce et d'industrie des deux pays. Il y a le problème des dettes dites "en roupies". Je crois que les deux pays feraient bien d'abandonner ce schéma pour passer aux échanges en devises fortes. Le plus tôt sera le mieux ! Ce sera un puissant encouragement pour les producteurs aussi bien indiens que russes.
Pour ce qui est des relations culturelles et humanitaires entre nos pays, elles se développent de manière brillante. D'une manière générale, les rapports russo-indiens restent stables, quel que soit le parti ou la coalition politique au pouvoir. C'est bien cette base qui permet d'édifier et de développer nos liens de manière conséquente.
Pour ce qui est de la coopération économique et militaire entre nos Etats, elle est stable et sûre. Cela va de soi, nous ne voudrions pas que la niche que la Russie occupe aujourd'hui dans la coopération technico-militaire de l'Inde soit occupée par quelqu'un d'autre.
Autre axe prometteur, notre coopération dans le domaine nucléaire. Mais il ne faut pas oublier que l'Inde est une puissance nucléaire. Nous ne doutons pas que New Delhi comprend aussi bien nos engagements internationaux dans ce domaine que la nécessité, pour nos deux pays, de déboucher sur des ententes limitant la coopération russo-indienne exclusivement au nucléaire civil.
L'Inde est un de nos partenaires les plus sûrs, lié à la Russie par des dizaines d'années de coopération. Elle est aussi notre partenaire stratégique, ce qui, cela va de soi, lui accorde le haut droit de bénéficier d'une grande priorité dans la politique étrangère russe.
