"Dynamo" cherche une arme secrète dans son arsenal pour affronter..."Arsenal"

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Par Valéri Asriyan, commentateur de RIA-Novosti

Le Dinamo Kiev est l'un des clubs les plus prestigieux et titrés dans l'espace postsoviétique. Cette équipe basée dans la capitale de l'Ukraine s'était signalée dès 1936 en terminant deuxième du championnat d'URSS. Cependant, un quart de siècle devait s'écouler avant que les Kiéviens ne décrochent enfin le titre suprême en 1961, mettant ainsi un terme à une longue hégémonie des clubs moscovites. Dans les années 60, les bleu et blanc égalisèrent le record appartenant au célèbre CSCA Moscou en remportant le championnat d'URSS trois années d'affilée (1966, 1967 et 1968). Plus aucun club ne devait réitérer cette performance dans l'histoire du football soviétique. La rivalité entre les clubs kiévien et moscovites se poursuivit trois décennies, jusqu'à l'éclatement de l'Union soviétique en 1991 et au cours de cette période les footballeurs de la capitale ukrainienne remportèrent le championnat d'URSS à treize reprises! La dernière fois ils furent sacrés en 1990.

Le Dinamo Kiev a donné au football soviétique des joueurs remarquables comme Valéri Lobanovski, Viktor Sérébriannikov, Viktor Kanevski, Iojef Sabo, Viktor Bannikov, Vladimir Mountian, Anatoli Bychovets, Oleg Blokhine, Vladimir Bessonov, Andreï Bal, Alexeï Mikhaïlitchenko, Igor Bélanov, Vassili Rats, Léonide Bouriak et bien d'autres encore. Tous avaient disputé les plus grandes compétitions internationales sous le maillot de l'équipe d'URSS. Dans les années 70-80, l'ossature du onze soviétique avait été constituée par des joueurs du Dinamo Kiev. Un exemple: lors de la finale du championnat d'Europe 1988 disputée - et perdue - face à la sélection des Pays-Bas, huit joueurs kiéviens avaient évolué au sein de l'équipe d'URSS. Pour atteindre la finale, celle-ci avait préalablement triomphé des Anglais, des Italiens et de ces mêmes Bataves. En huitième de finale de la Coupe du monde 1986, ce sont dix (!) joueurs du Dinamo Kiev qui avaient joué contre les Belges. L'un d'eux, Igor Bélanov, avait même réalisé un hat-track. Cet exploit devait dans une grande mesure être à l'origine de l'attribution à Igor Bélanov du Ballon d'or 1986 de meilleur footballeur d'Europe.

Onze avant lui, en 1975, cette distinction honorifique avait été décernée à un autre joueur kiévien, Oleg Blokhine, aujourd'hui sélectionneur-entraîneur de la sélection ukrainienne, meilleur buteur de toute l'histoire du football soviétique avec 211 buts marqués en 432 matches de championnat d'URSS. A deux reprises, en 1975 et 1986, il remporta avec son club la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes. En 1975, Oleg Blokhine fut le héros de deux matches disputés victorieusement face au Bayern Munich dans le cadre de la Supercoupe. Au cours de l'un deux il marqua un but d'anthologie après avoir crocheté l'un après l'autre tous les défenseurs allemands réputés intraitables.

Tous les succès remportés par le Dinamo Kiev dans les années 70-90 sont indissolublement liés à l'entraîneur Valéri Lobanovski qui a coaché l'équipe pendant vingt ans. Excellent footballeur dans le passé, intelligent, fin technicien, il avait enseigné à son équipe le football intellectuel, fondé sur une préparation fonctionnelle irréprochable, sur l'aptitude des joueurs à prendre des décisions inédites. Valéri Lobanovski nous a quittés l'année dernière. Il avait seulement 63 ans. Maintenant l'équipe est entraînée par Alexeï Mikhaïlitchenko, 40 ans.

Dans les années 80, Alexeï Mikhaïlitchenko fut un des piliers de la sélection d'URSS et du Dinamo Kiev, opérant avec la même réussite en attaque ou en milieu de terrain. Après l'effondrement de l'Union soviétique il poursuivit sa carrière sportive sous les couleurs du Sampdoria Gênes (Italie) et du Glasgow Rangers (Ecosse). Peu de footballeurs européens peuvent se targuer d'avoir remporté trois championnats nationaux différents. Alexeï Mikhaïlitchenko si. Il a été champion d'URSS (trois fois), d'Italie et d'Ecosse (trois fois).

Engagé au Dinamo Kiev en qualité d'entraîneur au mois de mai de l'année dernière, il n'a pas changé les principes implantés par Valéri Lobanovski, d'autant moins que c'était inutile. Toutes ces dernières années l'équipe s'était bien comportée en championnat - cinq titres en six ans - et au niveau international. Le Dinamo dispute régulièrement les épreuves de la Ligue européenne. Sa meilleure saison a été celle de 1998-1999 où il a terminé premier de son groupe en Ligue des champions en dominant justement les canonniers d'Arsenal (3:1, 1:1). Ensuite les bleu et blanc ont éliminé en quarts de finale le Real Madrid (1:1, 2:0) champion d'Europe de l'année précédente. Cependant, en demi-finale ils s'étaient inclinés avec les honneurs face au Bayern (3:3, 0:1). La révélation de ces rencontres avait été l'attaquant kiévien Andreï Chevtchenko qui, avec 11 buts à son actif, avait été sacré meilleur buteur du tournoi. Acheté peu après par le Milan AC, ce joueur continue de briller sous son nouveau maillot. Quant au Dinamo, il n'a toujours pas réussi à combler cette perte en dépit d'une prospection minutieuse en Ukraine et à l'étranger.

L'équipe actuelle est assez équilibrée. Ses deux gardiens principaux - qui sont aussi ceux de la sélection ukrainienne - sont Alexandre Chokovski et Vitali Reva. Deux autres joueurs sont internationaux, il s'agit des défenseurs Andreï Nesmatchny et Sergueï Fiodorov. Ce dernier, âgé de 27 ans, joue au Dinamo depuis 1991. Meilleur joueurs d'Ukraine en septembre, sa mission ordinaire est de marquer à la culotte les attaquants les plus dangereux, un exercice où il excelle. Après le match Ukraine-Espagne disputé à Kiev dans le cadre des éliminatoires de l'Euro-94, la presse espagnole a fort justement écrit que Fiodorov avait été le "paletot" du redoutable attaquant madrilène Raul.

Oleg Goussev, 20 ans, est arrivé au Dinamo en provenance du Arsenal de Kiev (Londres n'est pas la seule ville à posséder un club portant ce nom) où il était attaquant. Désormais il joue arrière droit avec beaucoup de réussite. Il est rapide, technicien, possède une bonne frappe de balle et sait "lire" le jeu. Le cas échéant Oleg Goussev peut évoluer en milieu de terrain, c'est d'ailleurs en cette qualité qu'Oleg Blokhine l'utilise dans la sélection. Le Serbe Goran Gavrancic, le Bulgare Gheorgui Peev, les Biélorusses Alexandre Khatskevitch et Valentin Belkevitch peuvent jouer comme défenseurs ou demis défensifs.

Deux Croates se distinguent au milieu du terrain: Jerko Leko, subtil technicien, "roi" de l'interception, aux tirs redoutables, et Goran Sablic, son compère qui le comprend à demi-mots. Le Brésilien Diogo Rincon est lui aussi formellement demi défensif, mais c'est plutôt un milieu de terrain offensif. Les deux buts qu'il a inscrits sept minutes avant le coup de sifflet final ont consacré la victoire du Dynamo face au Lokomotiv Moscou en Ligue européenne. Diogo Rincon s'est aussi distingué tout récemment en championnat d'Ukraine. Son but marqué contre le leader Chakhtior a permis au Dinamo d'échapper à la défaite.

Diogo Ricon est par conséquent un bon soutien pour l'attaquant Maxime Chatskikh, la principale force de frappe des Kiéviens, le "finisseur" de leurs attaques. Cet attaquant solidement bâti (1m87), international ouzbek, joue au Dinamo depuis quatre ans. En 94 matches de championnat il a marqué 59 buts. Auxquels il faut en ajouter 16 en Coupe et 13 en Ligue européenne. Maxime Chatskikh a été désigné meilleur buteur des championnats 1999-2000 et 2002-2003 (20 et 22 buts respectivement). Un autre attaquant, Alexandre Melachtchenko, peut aussi épauler l'Ouzbek. Lui aussi est international.

Pour Alexeï Mikhaïlitchenko, tous ses joueurs sont en bonne condition physique. "Je suis satisfait des dernières prestations de Chatskikh, Gavrancic, Rincon et d'autres joueurs, leur moral est à toute épreuve et l'échec subi face à l'Inter Milan ne l'a pas entamé", dit l'entraîneur. Rappelons qu'en Coupe des champions européens les Kiéviens ont déjà disputé deux rencontres. Ils ont remporté la première contre le Lokomotiv Moscou (2:0) et se sont inclinés à Milan face à l'Inter 1:2 consécutivement à un but marqué à la dernière minute par Christian Vieri.

Alexeï Mikhaïlitchenko estime imméritée la défaite de Milan: "Nous n'avons pas été inférieurs aux Italiens, seules de malheureuses bévues nous ont empêchés d'obtenir un résultat positif". Quoi qu'il en soit le match contre l'Inter a démontré que nous pouvions tenir la dragée haute à n'importe quelle équipe, résume avec optimisme le coach des bleu et blanc en ajoutant que si les deux victoires remportées par le club italien le plaçaient en position favorable, les jeux n'étaient pas encore faits. "Nous espérons toujours nous qualifier pour la suite de la compétition. Arsenal lui aussi a son mot à dire. C'est une équipe haut de gamme, volitive, expérimentée, comprenant des individualités de niveau mondial", affirme Alexeï Mikhaïlitchenko. Selon celui-ci, face à elle le Dinamo va livrer un match décisif et il va tenter de trouver dans son arsenal tactique l'"arme secrète" qui lui permettra de terrasser les Anglais.

Ce match aura lieu le 21 octobre à Kiev, au stade qui dans les années 50-60 avait porté le nom du dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev et qui a depuis été rebaptisé Complexe sportif national Olimpiiski. C'est une enceinte de 80.000 places qui sera assurément comble lors du coup d'envoi du match Dinamo-Arsenal.

MOSCOU, 9 octobre

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