Le 10 octobre, à Stockholm, aura lieu la cérémonie de remise des prix Nobel. Celui de physique sera partagé, comme cela a été annoncé récemment, entre trois chercheurs dont deux citoyens russes, Vitaly Guinzburg et Alexéi Abrikosov.
Cette haute récompense leur a été décernée pour des "travaux pionniers dans le domaine théorique des supraconducteurs et des suprafluides". Bien que ces théories aient été formulées dans les années 1950, elles sont devenues d'actualité en raison du rapide développement des matériaux nouveaux, dit la déclaration du Comité Nobel.
Vitaly Guinzburg, né à Moscou en 1916, est citoyen de Russie. Il a dirigé à Moscou un groupe de théoriciens de l'Institut physique Lebedev relevant de l'Académie des sciences de Russie.
Alexéi Abrikosov est né à Moscou en 1928. Il a la double nationalité russe et américaine et travaille en qualité de "chercheur honoraire" à Argonne National Laboratory, dans l'Illinois aux Etat-Unis.
Le troisième lauréat est Anthony Leggett, né en 1938. Citoyen britannique et américain, il travaille à l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaing aux Etats-Unis.
...Le deuxième millénaire a prix fin. Un nouveau siècle a commencé. Les décisions des hommes politiques, l'animosité, les erreurs des temps passés s'effacent dans la mémoire. Mais les choses éternelles restent. Celle dont on se souviendra pendant longtemps. Celles qui font progresser notre vie. Aujourd'hui, il convient de rappeler ce que la Russie a donné de bon au XXe siècle. Ses prix Nobel.
Au siècle dernier neuf prix Nobel ont été décernés à des scientifiques russes. Voici leurs noms.
1904. Ivan Pavlov, pour des travaux dans le domaine de la physiologie de la digestion.
1908. Ilia Metchnikov, pour des travaux dans le domaine de l'immunologie.
1956. Nikolaï Semenov, pour la mise au point de la théorie des réactions en chaîne.
1958. Pavel Tcherenkov, Igor Tamm et Ilia Frank, pour la découverte et l'étude de la radiation lumineuse qui accompagne le mouvement des particules à une vitesse dépassant celle de la lumière.
1962. Lev Landau, pour des travaux pionniers dans le domaine de la physique de l'état condensé.
1964. Nikolaï Bassov et Alexandre Prokhorov, pour la création des premiers lasers.
1978. Piotr Kapitsa, pour la découverte des phénomènes fondamentaux dans la physique des basses températures et ses méthodes de leur étude.
2000. Jores Alferov pour la création de structures semi-conductrices hétérogènes ayant servi de base aux technologies informatiques modernes.
Dressant le bilan, on peut dire sans risque d'exagérer que le plus grand événement du XXe siècle a été la création de l'électronique quantique qui a permis de construire en Russie, pour la première fois au monde, le laser. Ses créateurs sont les académiciens Nikolaï Bassov et Alexandre Prokhorov. Il est difficile de trouver une industrie où cette invention n'ait pas trouvé d'application. La télévision, Internet, les studios d'enregistrement du son, les équipements ophtalmologiques, les nouveaux moteurs pour vaisseaux spatiaux... tout cela est devenu possible grâce à Bassov et à Prokhorov.
Il est impossible d'arrêter le progrès. Des travaux en matière de techniques à laser sont en cours en Russie. Les physiciens de Saint-Pétersbourg qui construisent différents lasers à semi-conducteurs sont les leaders dans ce domaine. Les spécialistes du laboratoire de l'académicien Jaurès Alferov ont appris à obtenir des cristaux qui comportent, tels les grains de raisin dans un pudding, des îlots d'une autre matière disposés dans un ordre voulu. Ces îlots appelés autrement "points quantiques" ne mesurent que quelques nanomètres mais permette de créer des lasers puissants engendrant des ondes d'une longueur jusqu'ici inaccessible. Pour les fibres optiques, cela signifie la possibilité de transmettre davantage d'information par un seul canal de liaison. Et la toute dernière nouveauté, le laser à infrarouge à fréquence variable.
Il est évident que la science est un monde immense et ses possibilités d'utilisation sur la planète Terre, et certainement en Russie, sont illimitées. A preuve les dernières réalisations et, par conséquent, la reconnaissance mondiale des scientifiques russes.
MOSCOU, 9 octobre
