Le projet qui divise: le couple franco-allemand semble déterminé à mettre au monde un char du futur

© Ministère français des ArméesReprésentation du GMCS
Représentation du GMCS  - Sputnik Afrique, 1920, 27.04.2024
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Dès le début, le programme ambitieux du développement du MGCS (Main Ground Combat System, soit le Système principal de combat terrestre) a connu des difficultés d’ordre politique et industriel. Malgré la récente avancée avec la signature d'un accord sur sa première phase, des tensions entre les voisins persistent et risquent d'impacter le projet.
Sputnik Afrique se penche sur les péripéties du programme lancé en 2017 et les sujets de friction entre les deux pays.

Qui fait quoi ?

Initialement le programme associait le français Nexter à l'allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW). Les deux industriels ont fusionné en 2015 donnant naissance à KNDS qui devait développer le char. Or, l'arrivée du géant allemand Rheinmetall en 2019 a brisé l'équilibre et a entrainé des retards liés aux divergences sur la répartition des tâches.
À l'origine, la répartition a été établie à 50/50 entre Paris et Berlin, la part allemande étant partagée entre Rheinmetall et KMW. Le premier est pourtant mécontent de sa part et a fait état de son envie de l'augmenter.
Finalement, les deux armées ont défini huit piliers dans le programme : plateforme, armement classique (tourelle, canon), armement innovant (armes à énergie dirigée comme les lasers), systèmes de communication, capteurs, simulation, protections du char, infrastructures associées.
La responsabilité de certaines composantes, à savoir pour la tourelle et le canon, longuement débattue par les parties, sera partagée entre les industriels. Cependant, d'autres détails de la répartition n'ont pas été dévoilés.

Qui paie quoi ?

Le projet est financé à parts égales par les deux pays, mais le budget total n'a pas été défini avec la précision.
Le coût de la phase du pré-démonstrateur, dite 1A, n'est pas non plus défini, mais il devrait être supérieur à 100 millions d'euros.
Toutefois, dans la loi de programmation militaire 2024-2030, un budget de 500 millions d'euros a été prévu pour le MGCS, rapporte le BFM.

Qui décide ?

Il a été convenu que l’Allemagne soit le leader du programme. Une décision destinée à contrebalancer la position dominante de Dassault dans le SCAF, autre projet d'envergure portant sur la création d'un chasseur de nouvelle génération.

Qui veut quoi ?

La vision de Paris et de Berlin n'est pas la même sur la finalité et les équipements du futur blindé. Ainsi, la France insiste sur la mobilité de l'engin pour mieux répondre aux besoins de son armée, alors que l'Allemagne y voit un successeur de Léopard 2 pour pouvoir l'exporter.
La France veut un canon de 140 mm, alors que l’Allemagne souhaite un canon de 130 mm.

Quel est le prochain pas ?

Une fois l'accord sur la première phase signé, les industriels, KNDS et Rheinmetall devront acter la répartition exacte des responsabilités et mettre en place une organisation industrielle spécifique.
Les deux pays se donnent jusqu’à la fin de l’année pour notifier les contrats aux industriels, une mission assignée à l'Allemagne en tant que pilote du projet. D'après le ministre allemand de la Défense, ce calendrier est "très ambitieux".
Notons qu'en plus des principaux acteurs, des dizaines d'autres entreprises seront impliquées dans le programme, tant des PME, que des géants du secteur.
En outre, le programme pourrait voir débarquer de nouveaux partenaires comme l'Italie dont le groupe de défense Leonardo a fait part de son intérêt.

Qu'est-ce que c'est que le MGCS ?

Le MGCS doit remplacer le char Leclerc français et le Leopard 2 allemand à partir de 2040. Le développement d’un démonstrateur est prévu autour de 2030.
Le MGCS est pensé comme un système qui fera entrer le combat terrestre dans une autre dimension. Le blindé sera au centre d’un dispositif global comprenant des drones, des missiles, des batteries de tir autonomes. Tous ces modules seront connectés grâce à un cloud de combat.
Le char sera lourdement blindé pour le protéger contre les menaces, y compris les attaques de drones.
De plus, le char du futur bénéficiera d’importantes avancées technologiques comme l’IA. Celle-ci aidera les équipages à planifier, commander et coordonner les feux et à prendre les décisions.
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