Les Nord-Américains d’origine iranienne feront-ils les frais de la nouvelle posture de Donald Trump face à Téhéran? Tout porte déjà à le croire.
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L’avocat en immigration Len Saunders a été l’un des premiers à en informer la presse. Basé dans l’État de Washington et intervenant régulièrement dans les médias nord-américains, M. Saunders a affirmé que plusieurs de ses clients avaient été retenus longuement par les agents de l’immigration, une démarche qu’il juge excessive.
LISTEN: Immigration lawyer Len Saunders describes chaos at the border after several Iranian-Canadians and Americans were detained and interrogated at the Canada-U.S. border. He joins @radioKristy on today's #OttawaNow. https://t.co/7C47cDY77w
— 580 CFRA (@CFRAOttawa) 6 janvier 2020
Le 5 janvier, M. Saunders s’est lui-même rendu au poste frontalier de Peace Arch dans l’État de Washington afin d’aller prêter main-forte à une cliente interrogée par les autorités. L’avocat indique avoir vu entre 75 et 100 personnes d’origine iranienne être confinées dans ce poste. Après plusieurs heures d’attente, des breuvages et des collations ont été distribués aux détenus temporaires.
“My daughter was telling me, please don’t speak Farsi, if you don’t speak Farsi maybe they won’t take you.”https://t.co/UbLJSEaPsg
— Globalnews.ca (@globalnews) 6 janvier 2020
M. Saunders a aussi souligné qu’une Irano-Américaine avait demandé à quitter le poste frontalier et à retourner au Canada, où elle avait rendu visite à des membres de sa famille à Vancouver. Les agents lui auraient alors répondu qu’elle n’était pas autorisée à le faire.
«Elle [la citoyenne irano-américaine en question, ndlr] m’a dit: “Je suis Américaine. Quel était l’intérêt de me naturaliser et de devenir Américaine? Je n’ai aucun droit, ici?”», a rapporté l’avocat spécialisé en immigration.
Pramila Jayapal, députée démocrate à la Chambre des représentants, est convaincue que les agents frontaliers américains ont reçu l’ordre de surveiller de près les ressortissants iraniens, mais aussi les Américains et Canadiens d’origine iranienne. Élue dans l’État de Washington, Mme Jayapal est intervenue pour dénoncer ce qu’elle considère comme un abus de pouvoir. Selon plusieurs sources, de nombreux Irano-Américains qui ont été détenus avaient simplement assisté à un concert pop à Vancouver le samedi 4 janvier.
«C’est le résultat d’une sorte de directive que nous essayons de comprendre. Le CBP [le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, ndlr] a laissé entendre que ça ne s’était pas produit, mais il est difficile de le croire à la lumière de plusieurs comptes-rendus des événements» a déclaré Mme Jayapal en conférence de presse à Seattle le 6 janvier dernier.
L’élue démocrate estime même que des citoyens américains avec qui elle s’est entretenue ont «peur de dire quoi que ce soit» au sujet de leur détention provisoire.
🛑60+ Iranians (many of which are US citizens) were held at the US-Canada border. They were returning to Washington state after attending an Iranian pop concert in Vancouver, Canada. https://t.co/qZn8UaYZle
— Holly Dagres (@hdagres) 5 janvier 2020
Manifestement soucieux de calmer le jeu, Bruce Heyman, ex-ambassadeur des États-Unis au Canada (2014-2017), a déclaré que les douaniers étaient libres d’établir leurs propres critères pour détenir temporairement des personnes. Les agents d’immigration n’auraient donc pas forcément reçu de consignes de leur hiérarchie, estime-t-il.
«Compte tenu des circonstances de la semaine dernière, je pense qu’ils [les agents frontaliers américains, ndlr] font preuve de plus de vigilance [...]. Je ne serais pas surpris s’il y avait des entretiens supplémentaires, du temps supplémentaire pour comprendre le passé de tous ceux qui traversent la frontière en ce moment», a déclaré l’ancien ambassadeur, le 6 janvier.
Organisation influente aux États-Unis, le Conseil des Islamic-American Relations est aussi intervenu dans les médias pour dénoncer les événements et offrir son soutien aux individus concernés.
«Une source du CBP [le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis, ndlr] a indiqué que le Département de la sécurité intérieure avait donné l’ordre au CBP de dénoncer et détenir toute personne d’origine iranienne entrant dans le pays et jugée potentiellement suspecte et hostile, quel que soit son statut de citoyen. Le CBP au poste frontalier de Peace Arch n’a pas confirmé ou nié cette information», peut-on lire dans le communiqué de l’Islamic-American Relations Council.