L’Allemagne qui, pour l’heure, fait figure de modèle européen, tant en gestion de la crise sur son territoire qu’en matière de solidarité avec ses voisins, dispose en effet de tout ce que ses partenaires européens ont délaissé ces dernières décennies. L’État allemand peut notamment compter sur la plus grosse usine, en dehors des États-Unis, du leader mondial de la fabrication de masques de protection et sur plusieurs leaders européens en matière de respirateurs, auxquels les autorités fédérales ont commandé à la mi-mars plus de 16.500 appareils. D’ailleurs, les hôpitaux germaniques comptent déjà près de 28.000 lits de réanimation, soit un ratio de 6 lits pour 1.000 habitants, deux fois supérieur à celui qu’aligne la France avec 3,1 lits pour 1.000 habitants.
Industrie, l’autre secteur stratégique de la lutte contre le Covid
Récemment, l’Allemagne a su augmenter sa capacité de test à 400.000 dépistages hebdomadaires, là où la France peine toujours à dépasser le seuil des 12.000 tests quotidiens, malgré les promesses. La France peut malgré tout encore compter sur ses industriels, tel qu’Air Liquide, leader mondial du gaz médical, qui a joint ses efforts à Schneider Electric et PSA pour honorer une commande de 10.000 respirateurs d’ici la mi-mai.
Une situation qui, comme lors de la crise financière de 2008, pourrait bien relancer à terme un tout autre débat, celui de la responsabilité de la monnaie unique derrière cette disparité d’industrialisation entre l’Allemagne et les autres pays membres. En effet, si l’on critique aujourd’hui les décisions de délocalisation en Chine d’une partie de notre industrie, c’est oublier que celles-ci ont souvent été forcées par l’écart de compétitivité creusé ces vingt dernières années par une monnaie unique partagée entre des États fort différents.