Avenir souverain

Fin du chapitre sur 1789: l’école malienne se recentre sur ses propres révolutions

Le Mali engage une transformation profonde de son système éducatif en réorientant l’enseignement de l’histoire vers les récits nationaux et africains, un choix qui suscite à la fois enthousiasme et réflexion. Sur les ondes de Sputnik Afrique, un expert malien revient sur cette décision et sur ce qu’elle signifie pour la jeunesse malienne.
Sputnik
Dans cet épisode d’Avenir Souverain, nous revenons sur la réforme éducative annoncée par Bamako, une décision majeure: la leçon consacrée à la Révolution française disparaît des programmes de 9e année au profit d’un recentrage sur l’histoire malienne, les identités culturelles africaines et les héritages longtemps marginalisés dans l’enseignement.
Selon Abdoulaye Diallo, expert en politique et géopolitique malienne et président fondateur du Réseau des Communicateurs, Blogueurs et Activistes Professionnels du Mali, cette réforme ouvre un espace inédit pour regarder en face ce que l’école a trop longtemps étouffé. Le géopolitologue, par ailleurs chargé de communication du Collectif pour la Refondation du Mali (COREMA), rappelle que des pans entiers du patrimoine intellectuel africain ont été effacés ou dissimulés, donnant l’illusion que l’Afrique n’avait pas produit d’écriture, de technologie ou de savoirs structurés.
Pour lui, replacer l’histoire nationale au centre n’est pas un geste de rupture, mais un acte de restauration, une tentative de redonner aux enfants la possibilité de se comprendre eux-mêmes avant de comprendre le monde. D’après Diallo, cette réforme répond aussi à une attente populaire: celle de voir l’école porter des récits qui ressemblent réellement aux élèves, à leurs familles et à leur mémoire collective.
“Depuis très longtemps, il y a eu des écritures africaines qui ont été terrées, cachées, pour faire croire que l’Afrique n’a jamais inventé d’écriture ni de technologie. On nous a fait dissimuler beaucoup de choses. Aujourd’hui, grâce à ce nouveau programme, nos enfants pourront découvrir ce qui a été enfoui, comprendre leur identité culturelle et traditionnelle, se forger une conscience qui les valorise et les ancrer dans leur culture et leur nation. Quant aux leçons comme celle sur la Révolution française, nous n’en avons pas besoin aujourd’hui: nous devons étudier ce qui parle de nous, de notre histoire et de nos traditions. Et lorsque l’élève aura besoin de connaître autre chose, il pourra le chercher lui-même. Cette décision a été prise à la demande du peuple malien, des parents d’élèves, et elle a été saluée par tous. C’est une décision politique assumée et largement appréciée”, a-t-il affirmé.
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