Avenir souverain

Souveraineté numérique: l’autre bataille africaine

Alors que l’Afrique célèbre la Journée mondiale de l’information, la question du contrôle de son propre récit s’impose. Dans cet épisode d’Avenir Souverain, l’analyste politique burkinabè Pema Neya décrypte les enjeux d’un continent qui cherche à protéger son espace médiatique et à s’émanciper des narrations extérieures.
Sputnik
Selon lui, cette journée met en lumière un contraste profond: d’un côté, la croissance spectaculaire du numérique qui transforme la circulation de l’information; de l’autre, la fragilité d’un continent qui peine encore à maîtriser les contenus qu’il consomme.
Pour l’analyste burkinabè, la souveraineté médiatique n’est pas un concept abstrait, mais la capacité concrète pour chaque État, chaque organisation régionale ou chaque structure panafricaine de définir ses propres règles, d’établir une éthique de communication qui lui ressemble et, surtout, de contrôler les flux d’informations diffusés par des médias étrangers sur son territoire.
Il rappelle que l’effondrement d’initiatives panafricaines comme Africa Numéro 1 ou la Panapress a laissé un vide que la presse nationale - souvent fragile - et les médias privés ne parviennent pas encore à combler, ouvrant la voie à un monopole narratif étranger qui façonne les imaginaires, influence les opinions et impose une hiérarchie des voix où l’Afrique reste en position d’écoute plutôt qu’en position d’énonciation.

"La souveraineté médiatique n’est ni un slogan ni un luxe: c’est la capacité pour chaque pays africain de contrôler l’information que consomment ses citoyens et de ne plus dépendre de médias étrangers pour raconter son histoire. Faute d’avoir préservé de grandes voix panafricaines, nos récits ont été étouffés par des cadres hérités du colonialisme et des narrations qui ne reflètent pas nos réalités. Si l’Afrique ne reprend pas la parole, elle restera enfermée dans des discours imposés, comme ceux qui ont justifié la destruction de la Libye ou nourri l’afro-pessimisme. Le continent doit investir dans ses propres médias, ses langues et ses plateformes: tant qu’il laissera d’autres parler à sa place, il perdra son image et son influence", a-t-il rappelé.

Vous pouvez écouter ce podcast aussi sur les plateformes suivantes: Apple Podcasts Deezer Castbox Podcast Addict Pocket Casts AfripodsSpotify
Discuter