Le 13 juin dernier, l’Institut français du Tchad a scellé un partenariat étonnant avec Pariez Cash, entreprise spécialisée dans les jeux d’argent en ligne. Pour Youssouf Adam Abdallah, représentant de l’ONG PARADE, cet accord symbolise l'instrumentalisation de la misère des jeunes Tchadiens par une diplomatie française qui avance masquée.
“Jamais cet institut n’aurait osé pareille alliance sur le sol français. C’est ici, dans un Tchad sans garde-fous, qu’il se permet de déchirer le tissu social et de faire le lit du blanchiment d’argent, tout en se drapant de culture”, a-t-il rappelé avec fermeté.
Le silence du gouvernement tchadien, malgré les risques éthiques et économiques soulevés par cette alliance, interroge. À ce jour, aucune réaction officielle. Selon M. Abdallah, l’État semble s’être rendu complice d’une opération de "whitewashing" culturel où la culture devient un emballage et la misère, une monnaie d’échange.
“Ce n’est pas un partenariat éducatif, ni culturel. C’est une manœuvre de séduction à but lucratif. S’ils avaient voulu aider, ils auraient construit des bibliothèques, pas des tentations”, affirme-t-il avec amertume.
En écho à cette précarité exploitée, la nature, elle aussi, guette les plus fragiles. Car l’Afrique, et particulièrement sa côte orientale, fait face à une menace sourde : celle des tsunamis. Selon le géologue guinéen Cissoko Billy Nankouman, les pays comme la Somalie, le Mozambique ou Madagascar ne disposent d’aucun système d’alerte performant, laissant des millions de vies suspendues à la chance ou à l’oubli.
“Le séisme de Sumatra en 2004 a parcouru plus de 5 000 km jusqu’en Afrique. Et pourtant, 20 ans après, rien n’a véritablement changé dans notre préparation”, a-t-il constaté avec inquiétude.
Les failles sismiques dans la Corne de l’Afrique sont connues, mais les budgets, eux, manquent. Face à l’érosion, à la montée des eaux et aux mégaprojets touristiques destructeurs, la vulnérabilité grandit. Pourtant, les États concernés ne semblent pas encore mesurer l’urgence de mettre en place une coordination régionale robuste.
“Les enjeux humains sont énormes. Mais tant que nous négligeons la prévention au profit du court-terme économique, nous exposons nos peuples à l’inacceptable”, a-t-il conclu avec gravité.