À l’occasion d’une interview télévisée donnée le 5 octobre, le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, s’est exprimé sur les relations entre son pays et la France, qui se dégradent depuis des mois.
"La résistance a duré 70 ans, avec des millions de morts. Des tribus et des villages ont été rasés. Il y a eu un génocide. On demande la vérité historique. Nous demandons une reconnaissance sur les crimes coloniaux", a-t-il dit. Pour lui, le pays maghrébin "a été choisi pour le vrai grand remplacement qui est de chasser la population locale pour ramener la population européenne", a-t-il lancé accusant une "minorité haineuse" en France de bloquer l’avancée sur le dossier mémoriel.
La décontamination des sites d’essais nucléaires par l’ancienne puissance coloniale est l’un des "sujets sérieux" entre les deux pays: "Il y a des gens qui meurent encore, d’autres impactés. Vous êtes devenus une puissance nucléaire, et nous avons eu les maladies. Venez nettoyer Oued Namous, où vous aviez développé vos armes chimiques, et jusqu’à présent nos moutons, nos chameaux meurent après avoir mangé de l’herbe contaminée".
Le Président algérien a aussi évoqué l'accord franco-algérien de 1968 qui octroie un statut particulier aux Algériens en matière de droits de circulation, séjour et emploi en France. Cet accord est devenu un "slogan politique", un "coquille vide", "l’étendard derrière lequel marche l’armée des extrémistes".
Il s’est exprimé sur le dossier des OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Pour lui, les allégations selon lesquelles le pays maghrébin est réticent à l’accueil des Algériens sous OQTF est une manière de "faire détester l’Algérie aux Français".
Enfin, il a écarté l’idée d’une visite en France sans cesse repoussée depuis mai 2023. "Je n'irai pas à Canossa", a-t-il dit en reprenant ainsi une formule du chancelier allemand Otto von Bismarck signifiant aller supplier un pardon.