Selon lui, l’implication de la Norvège et du Royaume-Uni dans cette affaire était claire depuis le début. Il a rappelé que tous les juges de l’enquête – au Danemark, en Suède – avaient déclaré qu'ils n'étaient pas compétents.
Même les pays dont les intérêts étaient directement touchés par ce sabotage, comme la France et l'Allemagne n'ont pas exprimé de protestation officielle, poursuit-il. De plus, l'enquête n'est pas menée parce que ses résultats ne causeront pas de préjudice à la Russie, a précisé M.Philippot.
Le sabotage
Dans la nuit du 26 septembre 2022, une perte de pression sur l'une des deux lignes de Nord Stream 2 a été signalée. Les autorités maritimes de l'Allemagne, du Danemark, de la Suède, de la Finlande et de la Russie en ont été informés.
L'exploitant du gazoduc a précisé que l’incident s'est produit dans la zone économique exclusive du Danemark, au sud-est de l'île de Bornholm. Le soir, la pression a chuté sur les deux lignes de Nord Stream. L'Agence danoise de l'énergie a fait savoir que de grandes quantités de gaz s’échappaient dans la mer.
Le 26 septembre, des sismologues suédois ont relevé deux explosions le long du tracé du gazoduc.
Réactions et enquêtes
Le 28 septembre, le parquet russe a ouvert une enquête pour acte de terrorisme international. Le même jour, Berlin a supposé que les conduites du gazoduc pourraient devenir définitivement inutilisables suite à l’incident.
Le 30 septembre, le Président russe Vladimir Poutine a déclaré que l'explosion était un acte de sabotage visant à détruire l'infrastructure énergétique européenne.
L'Allemagne, le Danemark et la Suède ont lancé des enquêtes, mais ont refusé d'y inviter la Russie.
À la mi-octobre 2022, des médias européens ont publié des photos sous-marines du gazoduc endommagé. Un mois après les explosions, des experts de Gazprom et de Nord Stream ont été autorisés à inspecter les lieux.
Le sabotage a été confirmé le 18 novembre par les services secrets suédois qui ont annoncé avoir trouvé des traces d'explosifs.
Le 21 février 2023, à la demande de la Russie, le Conseil de sécurité des Nations unies a tenu une réunion sur les sabotages. Toutefois, aucune résolution n'a été adoptée à son issue.
Le Conseil de sécurité n'a pas non plus soutenu la résolution sur l'enquête internationale, initiée par la Russie et la Chine. Avec trois votes pour (Russie, Chine et Brésil), aucun vote contre et 12 abstensions, le document n'a pas obtenu les neuf voix nécessaires à son adoption.
Lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G20 qui s’est tenu en mars 2023 en Inde, Moscou et Pékin ont cherché à inclure dans la déclaration finale un paragraphe sur les explosions de Nord Stream, mais cette initiative a été rejetée par les pays occidentaux.
Hypothèses et pistes de recherche
Selon le journaliste US Seymour Hersh, les engins explosifs ont été posés en juin 2022 par des plongeurs de la marine américaine sous le couvert d'un exercice et avec le soutien de spécialistes norvégiens. La décision aurait été prise par Joe Biden après neuf mois de discussions avec les responsables de la sécurité nationale.
La Commission européenne a qualifié les conclusions du journaliste de "spéculations" et a refusé de donner des commentaires.
John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, a nié toute implication des États-Unis.
Le New York Times a écrit en mars 2023 que l’auteur des sabotages aurait été un "groupe pro-ukrainien" ayant agi à l'insu des autorités américaines.
L’hebdomadaire allemand Zeit a rapporté que les enquêteurs allemands avaient identifié le bateau utilisé par les saboteurs. La société qui l'a loué appartiendrait à des Ukrainiens et serait basée en Pologne.
Pour sa part, le journal britannique The Times a indiqué que les services de renseignement européens connaissaient le nom du "commanditaire privé" du sabotage. Son identité n'a pas été révélée, mais il s'agissait d'un riche Ukrainien qui n'aurait aucun lien avec le Président Volodymyr Zelensky ou son gouvernement.