Les producteurs européens freinent les négociations sur un accord de libre-échange entre le Marché commun du Sud (Mercosur) et l’Union européenne, en avançant des arguments de traçabilité des produits et de normes écologiques, a déclaré à Sputnik Víctor Benítez González, conseiller économique de l’Université nationale d'Asunción.
"Les Européens disent qu'il s'agit d'une concurrence déloyale car, même s'ils bénéficient de subventions, les produits du Mercosur n'ont pas les mêmes exigences environnementales", souligne-t-il.
Incompréhension sud-américaine
Un discours qui passe mal de l’autre côté de l’Atlantique, notamment chez les producteurs paraguayens, qui affirment que "les Européens ont détruit leur environnement et nous imposent désormais leurs règles très strictes", ajoute l’économiste.
Même le Président brésilien Lula, qui envisageait d’examiner les réglementations européennes, a finalement déclaré qu’elles seraient difficiles à respecter.
"Luiz Inácio Lula da Silva, qui est une personne plutôt progressiste, s'est tenu devant la tour Eiffel [en juin 2023-ndlr] pour dire que nous n'allions pas pouvoir répondre à toutes les exigences environnementales européennes. Alors que peut-on attendre d'autres sociétés plus conservatrices comme celles du Paraguay et de l'Uruguay?" se demande ainsi Víctor Benítez González.
Si l’accord de libre-échange avec Bruxelles n’est pas définitivement tombé à l’eau, il est "dans un moment de paralysie et de revers", admet pour sa part Mario Paz Castaing, expert des relations internationales d’Asuncion. Le salut pour les produits sud-américains pourrait donc passer par l’Asie, estime-t-il. Le projet de corridor ferroviaire bio-océanique reliant le Brésil et le Paraguay au Chili pourrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives.
Accord mort-né?
Le 1er février, le Président français a annoncé, à l’issue d’un sommet européen d’urgence à Bruxelles, que Paris avait obtenu le report de la signature de l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur et qu’il continuerait d'insister pour que les fournisseurs de produits sud-américains soient soumis aux mêmes exigences que les Européens.
Signé en 2019, après 20 ans de négociations, l’accord avait été bloqué par les pays européens, officiellement en raison de l'aggravation de la déforestation en Amazonie causée par la politique du Président brésilien de l’époque, Jair Bolsonaro. Arrivé au pouvoir en janvier 2023, Luiz Inácio Lula da Silva avait annoncé des mesures plus strictes pour lutter contre le changement climatique.
La question de l'accord UE-Mercosur est revenue à l’ordre du jour de la coopération interrégionale. Cependant, l’Europe avait mis en avant un certain nombre d’exigences supplémentaires liées aux questions environnementales.