Le PIB russe a augmenté de 3,2% sur les 10 mois de l’année 2023, ce qui est déjà plus élevé qu'avant les sanctions occidentales, a déclaré cette semaine Vladimir Poutine lors du forum "L’appel de la Russie". De plus, d'ici la fin de l'année, l’économie russe devra bondir de 3,5%. L’économie nationale a démontré sa stabilité fondamentale, a-t-il fait savoir.
"La manière dont les autorités russes et les entreprises réagissent aujourd’hui aux défis (…) suggère que la situation est totalement sous contrôle", explique à Sputnik Alexandre Chirov, directeur de l'Institut de prévision économique nationale de l'Académie des sciences de Russie.
La Russie "réfléchit à la manière de construire l'économie le plus efficacement possible, afin que, dans ces conditions de restrictions, il soit possible de ne pas marquer le pas, mais néanmoins de se développer", souligne-t-il.
Le rôle des sanctions
Malgré l'augmentation du taux directeur et la grave dévaluation du rouble, une forte augmentation de la demande des consommateurs et une hausse des investissements sont visibles.
"Sans pour autant diminuer l’impact des sanctions sur l’économie russe, qui deviennent chaque jour plus sévères, nous devons admettre qu’elles n’ont pas atteint leur objectif", soit infliger des dommages inacceptables, résume le chercheur.
L’état de l’économie
La Russie suit la voie des "transformations économiques actives", selon lui. Pourtant, cette réponse des entreprises et de l’État aux sanctions a non seulement conduit à la croissance économique, mais a déclenché un certain nombre de problèmes, par exemple sur le marché du travail, explique le chercheur.
Ainsi, il y a actuellement une demande interne très forte. En conséquence, l’industrie transformatrice russe est largement impliquée. Si auparavant ses capacités étaient utilisées de 40 à 50%, maintenant elles se sont de 60 à 70%.
"Dans le même temps, un déséquilibre apparaît: certains secteurs de l'économie russe prennent de l'ampleur, tandis que d'autres ralentissent, par exemple le complexe énergétique et pétrolier, sous l'influence des sanctions", développe-t-il.
"L’économie russe ressemble désormais à un motard qui roule à une vitesse de 200 kilomètres par heure depuis un an. C’est dangereux car il est difficile de maintenir l’équilibre aussi longtemps", soutient-il, ajoutant que "tout caillou sur la route ou obstacle peut entraîner de graves conséquences". De plus, il n’est pas possible de conduire à une vitesse aussi élevée pendant longtemps. "Un freinage brusque peut entraîner des conséquences imprévisibles", prévient-il.
Transition
Par conséquence, cette situation doit être maitrisée, sinon elle peut devenir incontrôlable, conclut l’économiste. Cela permettra de "profiter des effets positifs d’une croissance économique accélérée, non seulement maintenant, mais aussi au cours des trois à cinq prochaines années".
Il est nécessaire aujourd’hui de réfléchir à la manière de "transformer le potentiel élevé du complexe militaro-industriel avec une efficacité de production accrue dans le segment civil", soutient l'expert.