Céréales pour l’Afrique: quelle différence entre l’aide de la Russie et celle de l’Occident?

Le soutien de la Russie aux pays africains à travers des livraisons gratuites de céréales est désintéressé, contrairement au soutien des anciens maîtres coloniaux, qui paient ainsi pour le pillage du continent, a déclaré à Sputnik Afrique le professeur Fredrick Onyango Ogola, expert kényan en gouvernance et en économie.
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L'analyste a souligné que la Russie n'avait jamais été considérée comme un exploiteur de l'Afrique, contrairement au Royaume-Uni, dont l'aide au continent est disproportionnée par rapport aux dégâts de l'époque coloniale.
"Lorsque le Royaume-Uni donne du maïs, du blé ou tout autre type de don aux pays africains qu'il a colonisés, c'est comme s'il rendait ce qu'il avait pris. Mais nous essayons de dire qu’en fait, ils rendent avec une cuillère, mais reprennent avec une pelle. Mais quand c’est la Russie qui a donné, peu importe avec une cuillère ou une pelle, elle n'a rien repris", a fait remarquer M.Ogola.

Une aide sous condition

Les pays occidentaux imposent des conditions supplémentaires au transfert des subventions et de l'aide, a souligné l'analyste.
Qui plus est, le fait que le Royaume-Uni et d'autres États européens "aient classé les pays africains dans la catégorie des économies à revenus moyens" ne leur permet pas d'accorder de nombreuses subventions, l'accent étant mis sur les pays à revenus faibles, a déclaré le professeur Ogola.

L’attitude compte aussi

La réponse de la Russie à la crise humanitaire et au problème de la famine par le biais de subventions et d'aides signifie que "les gens considèrent la Russie comme plus amicale à l’égard des pays africains comme la Somalie que ne le serait l'Occident", a-t-il affirmé.

"Il est préférable de faire des affaires avec quelqu'un qui vous considère comme un égal plutôt qu'avec l'Occident, qui considère les Africains comme des petits frères, alors qu'ils sont les grands frères qui imposent des conditions avant de traiter avec l'Afrique. Et je pense que [la livraison russe] est une initiative bienvenue", a argumenté l'expert.

Dans le même ordre d'idées, Fredrick Ogola a déclaré: "les pays en développement sont plus en sécurité entre les mains de leurs amis comme la Russie, l'Inde et la Chine".

Une aide qui arrive à un moment compliqué

Le Burkina Faso, la Somalie et le Mali, qui reçoivent des céréales russes, traversent des périodes très difficiles et le soutien à leur population ne doit pas être sous-estimé, a souligné l'expert.
"Si vous voulez voir un pays en paix, lorsque vous atterrissez à l'aéroport, vous voyez plus de compagnies aériennes, des avions, qui transportent plus de personnes. Mais si vous allez en Somalie, au Mali, au Burkina Faso, leurs aéroports ressemblent à des zones de guerre. Cela signifie qu'ils traversent encore une période très difficile et que cette aide, qu'elle soit arrivée tardivement ou non, est un soutien", a-t-il fait remarquer.
Contrairement à la question des droits de l'homme et de la justice, celle de la faim est urgente, a conclu M.Ogola.

200.000 tonnes de blé pour l’Afrique

Après la suspension de l’accord céréalier en juillet dernier, Vladimir Poutine a promis d’envoyer gratuitement des céréales aux pays africains les plus pauvres. Six États font partie des destinataires: le Mali, la RCA, l’Érythrée, la Somalie, le Zimbabwe et le Burkina Faso.
Le 17 novembre, le premier navire chargé de céréales a quitté la Russie. Il est arrivé en Somalie le 30 novembre et la cargaison de 25.000 tonnes de blé a été remise aux autorités du pays. Le navire a ensuite mis le cap sur le Burkina Faso, où il devrait arriver au début de ce mois.
Des navires chargés de grain pour les autres États concernés partiront avant la fin de l'année, a précisé en novembre Dmitri Patrouchev, ministre russe de l'Agriculture.
Avant l’abandon de l’ancien accord céréalier, la Russie a signalé à maintes reprises que la mission essentielle n’était pas pleinement remplie puisque les céréales ukrainiennes se dirigeaient en réalité vers les États occidentaux et non vers les pays pauvres, notamment africains.
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