Les drones déployés par la Russie sur la ligne de front longue de 1.000 km traversant le Donbass et les régions de Kherson et de Zaporojié, se sont révélés déterminants pour contrecarrer l’armée ukrainienne entraînée et équipée par l’Occident. Ils ont fourni aux forces russes des données de reconnaissance indispensables et sont devenus un fléau pour les chars de fabrication occidentale.
Izdeliye-53
Parmi les nouveaux engins sans pilote déployés par la Russie dans la zone de l’opération spéciale figure l’Izdeliye-53. C’est une mise à niveau du drone kamikaze Lancet, une munition errante à ailes X qui, selon les observateurs occidentaux, est devenue un "fléau sur le champ de bataille".
Les nouveaux drones, récemment présentés en train d'attaquer un système d'artillerie ukrainien à l'aide d'un système de guidage automatique, ont été développés par ZALA Aero, filiale du groupe Kalachnikov, et disposent d'une charge allant jusqu'à cinq kilogrammes. Les Izdeliye-53, également connus sous le nom de Z-53, peuvent former en essaim et se coordonner les uns avec les autres pour sélectionner des cibles.
Lancés à partir de conteneurs de lancement portables pouvant être transportés sur tout type d’engins - des véhicules militaires lourds aux camions légers - les Z-53 ne peuvent pas être éliminés à l'aide de moyens de guerre électronique conventionnels et seraient également protégées par des technologies censées empêcher à l’ennemi de percer leur secrets en cas de leur interception.
Scalpel: un Lancet bon marché
Alors que le Z-53 est largement reconnu à l’étranger comme l’un des drones de nouvelle génération les plus meurtriers de l’arsenal russe, un nouvel appareil à usage unique, connu sous le nom de Scalpel, commence à gagner du terrain. Le Scalpel, qui a été déployé pour la première fois au combat en novembre, est conçu par le bureau d’études Vostok. C’est une alternative moins coûteuse aux drones de la série Lancet.
Il a un prix annoncé de seulement 300.000 roubles (environ 3.300 dollars US) contre environ 20.000 à 30.000 dollars pour un Lancet, selon le modèle.
Le Scalpel peut emporter une charge de 5 kg. Il a une masse au décollage de 10,5 kg. Sa vitesse de croisière va jusqu'à 120 km/h. Le drone a un rayon d’action de 40 km et une autonomie de deux heures.
"Les retours des opérateurs ont été majoritairement positifs. L'appareil se manipule bien, est stable en plongée et facile à viser. Les troupes notent également la facilité avec laquelle le drone peut être préparé pour un vol", a déclaré une source du bureau d’études Vostok aux médias russes début novembre.
En plus de cela, des améliorations des "Lancet bon marché" sont déjà en cours. Certains projets prévoient d’équiper les drones d'un nouveau système de visée assisté par caméra, d'une catapulte de lancement améliorée et d'un canal de contrôle résistant aux interférences.
L'équivalent chinois de Switchblade
La Russie n’est pas le seul adversaire de l’Otan à faire des progrès majeurs dans le développement de drones. La semaine dernière, les médias chinois ont publié des images des tests du XS101, un nouveau drone kamikaze fabriqué par la Chine qui devrait améliorer considérablement les capacités des drones de l’armée chinoise.
L’appareil semble avoir la même double paire d'ailes que celle des drones américains Switchblade 300. L’engin pourrait être lancé à partir d'un système de type bazooka à une altitude d'environ 4.600 mètres au-dessus du niveau de la mer, et serait développé par Beijing Angfei Technology Co.
Aucune autre information sur le drone -sa portée, sa charge utile ou d'autres détails- n’est disponible. Mais s’il ressemble à son homologue américain, le XS101 devrait devenir une alternative efficace et portable à l’appui aérien rapproché contre les concentrations de troupes ennemies, de véhicules légers et de bâtiments suffisamment légers pour être transportés dans un sac à dos.
Le Shahin-1 iranien
Un autre drone de pointe est le Shahin-1, soit "le roi des oiseaux" en persan. Cet appareil fabriqué par l’Iran a été dévoilé cette semaine lors d'une cérémonie à laquelle assistaient des militaires iraniens hauts gradés.
Le Shahin-1 a une conception unique à double aile sous/sur le fuselage. Il est basé sur un système de lancement de cartouche et, comme de nombreux drones iraniens, est censé être une plateforme de combat universelle, avec la capacité de déployer des systèmes navals et terrestres. Le Shahin-1 semble avoir une philosophie de conception similaire à celle des drones iraniens à ailes pliables des séries Sina et Meraj-521.
Mohajer-10: le drone iranien lourd à longue portée
Le Mohajer-10 est un drone polyvalent de surveillance, de reconnaissance, de frappe, de guerre électronique dévoilé en août. Il a une portée opérationnelle allant jusqu'à 2.000 km, une altitude de vol de 7 km, une vitesse allant jusqu'à 210 km par heure, une autonomie de 24 heures et la capacité de transporter une charge pesant jusqu'à 300 kg. Ce drone massif mesure 6,5 mètres de long, 4,2 mètres de haut et a une envergure de 18,2 mètres.
Le Mohajer-10, soit “migrateur” en persan, est le dernier ajout à l'industrie iranienne des drones, traditionnellement forte. Il est né environ 38 ans après la création du Mohajer-1, un drone tactique monomoteur utilisé pendant la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988).
En guise de résumé
Ainsi, la capacité de la Russie, de la Chine et de l'Iran à produire des drones de combat modernes, allant des petits drones antipersonnel portés sur un sac à dos aux grands équivalents des mastodontes ailés de l'US Air Force, démontre que le quasi-monopole du Pentagone dans le domaine est dépassé
L’avenir de la guerre moderne inclura inévitablement un recours toujours plus grand aux drones.