Petit poisson deviendra grand: l’Afrique de l’Ouest mise sur l’aquaculture

Alors que la consommation de poisson a explosé ces dernières années en Afrique de l’Ouest, la région fait le pari de l’aquaculture pour moins dépendre des importations, mais la route est encore longue, selon un rapport d’Ecofin Pro.
Sputnik
L’Afrique de l’Ouest ne noie pas le poisson. La région a vu sa demande en poissons bondir ces dernières années, selon un récent rapport d’Ecofin Pro. La consommation atteint désormais 29 kg par habitant dans un pays comme le Sénégal, ou 25 kg pour le Ghana, soit plus du double de la moyenne africaine (10 kg) et plus que la moyenne mondiale (20,5 kg).
"Avec l’augmentation des revenus, de l’urbanisation et la préférence de plus en plus marquée des consommateurs pour le poisson qui est perçu comme plus sain et nutritif comparativement aux autres produits carnés, les besoins de la région devraient aller crescendo dans les prochaines années", explique ainsi l’agence Ecofin.
Les pays de la région ont une longue tradition de pêche, mais les besoins tendent à entraîner une surexploitation des ressources et une dégradation de l’écosystème. Les importations de poissons surgelés sont devenues massives, en particulier en Côte d’Ivoire et au Nigéria.

Miser sur l’élevage

Pour réduire les importations et préserver les stocks marins, l’Afrique de l’Ouest se tourne donc de plus en plus vers l’élevage de poissons. En 20 ans, l’offre issue des viviers a ainsi été multipliée par 10, selon Ecofin Pro. La production atteignait ainsi 345.300 tonnes en 2020, soit 12% de la production halieutique totale dans la région. La proportion grimpe même à 17% au Ghana, l’un des champions en la matière avec le Nigéria.
"L’aquaculture a connu un développement important dans la région au cours des deux dernières décennies. De nombreux pays où la filière était quasi-inexistante au début du XXIe siècle ont investi dans les exploitations aquacoles tandis que d’autres ont renforcé leur industrie avec la multiplication d’entreprises de petites et moyennes tailles", indique ainsi l’agence Ecofin.
La région dispose d’importants atouts pour intensifier l’aquaculture, comme un réseau hydrographique dense et un dynamique marché nigérian. Le difficile approvisionnement en intrants, le déficit de formation pour les aquaculteurs et l’accès limité aux nouvelles technologies peuvent néanmoins constituer un frein au développement du secteur.
Les pays de la région auraient tout à gagner à proposer des incitations aux investisseurs privés et à faire preuve d’un certain protectionnisme vis-à-vis des importations, pour renforcer la filière, souligne encore le rapport d’Ecofin Pro.
Les sites d’élevage en cage sont passés de 9 en 2006 à 20.000 en 2019 en Afrique subsaharienne, précisait déjà un rapport de la fondation Gatsby Africa récemment. Les lacs Victoria, Kariba et Kivu sont parmi les principaux pourvoyeurs de ces poissons d’élevage, dont le tilapia et le poisson-chat sont les espèces les plus prisées des éleveurs.
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