Ils ont laissé un peuple israélien, encerclé par ses ennemis, encercler les Palestiniens de Gaza dans une prison à ciel ouvert et soumettre ceux de Cisjordanie à d’incessantes ratonnades.
Tout être humain digne de ce nom ne peut qu’être bouleversé par les images des victimes israéliennes du " Déluge d’Al-Aqsa ". Il ne peut que constater que la Charte du Hamas appelle à l’anéantissement de l’État d’Israël et à l’expulsion de ses occupants. Il ne peut que s’indigner de l’esprit de vengeance des extrémistes qui gouvernent Israël et soumettent les habitants de la bande de Gaza à un siège total interdit par le droit international. En déclarant : " Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz [et il faut ajouter pas d’eau]. Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence ", le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, viole non seulement les principes essentiels des droits humains mais également ceux du judaïsme.
Au-delà des terribles souffrances de toutes les victimes, notre défi est de parvenir à créer les conditions pour qu’il ne puisse plus y en avoir. C’est un défi qui nous concerne tous car cette petite portion du monde est un lieu essentiel de civilisation qu’on ne peut laisser livré à la barbarie.
La première chose à faire est de cesser de manipuler les uns et les autres et d’arrêter toute ingérence étrangère destructrice. En inspirant au contraire les ennemis à réfléchir afin qu’ils se mettent à la place de l’autre, aussi pénible cela soit-il. Martin Luther King nous guide dans cet effort en expliquant pourquoi il faut aimer ses ennemis pour les transformer en amis et se transformer ainsi soi-même.
Utopiste ? Non, à condition de ne pas en rester à de belles paroles et de passer aux actes. Emmanuel Macron vient d’affirmer ce soir (12 octobre) à la télévision française que " la lutte contre le terrorisme ne peut remplacer la recherche de la paix. Et les conditions d’une paix durable sont connues : garanties indispensables pour la sécurité d’Israël et un Etat pour les Palestiniens ". Catherine Colonna, notre ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a également affirmé : " La création d’un Etat palestinien est la seule solution, selon nous, qui permettra d’assurer durablement que les deux peuples vivent en paix et en sécurité. "
Voilà pour les paroles. Reste à leur donner substance et donc crédibilité. Or Emmanuel Macron a souligné que la France a " les mêmes priorités que nos principaux alliés européens et américains ". C’est la politique d’alignement suivie par les gouvernements français depuis les présidences de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, en rupture de fait et de droit avec celle suivie par le général de Gaulle. Cela discrédite les paroles, car la France et la presque totalité des pays membres de l’Union européenne sont associés au commandement intégré de l’OTAN. En son sein, il ne peut y avoir de réelle indépendance. Ce que dit Emmanuel Macron sur le Moyen-Orient est d’autant moins crédible que les participants de son parti, Renaissance, ont accueilli le 7 octobre la présidente de la Commission européenne, Ursula von des Leyen, aux cris de " Ursula, Ursula, Ursula ! ", témoignant d’une servitude volontaire envers une personnalité non élue et dont l’allégeance à l’atlantisme financier est de notoriété publique. De plus, rien de concret ne ressort des propos du gouvernement français pour fonder la paix, contrairement à notre mouvement Solidarité & Progrès, qui a proposé un " Plan Oasis " pour toute l’Asie du Sud-Ouest, élaboré avec le dirigeant politique américain Lyndon LaRouche, dont on connaît la proximité de vues avec Sergueï Glazyev, le ministre russe de la Macroéconomie et de l’Intégration de l’Union économique eurasiatique.
La solution au Moyen-Orient est bien d’arrêter le sang versé par une paix juste et durable, avec la création d’un Etat palestinien viable et non démembré par l’occupant. Les deux peuples pourraient ainsi, sinon se rapprocher, du moins vivre ensemble, non pas institutionnellement mais grâce à une coopération économique dans l’intérêt mutuel et à l’échelle de toute l’Asie du Sud-Ouest. Or, pour que chacun ne perçoive plus l’autre comme une menace existentielle, il faut des garanties.
Un pays comme la France ne peut à lui seul jouer le rôle de garant. C’est ici que le Sud global et les pays membres des BRICS peuvent – et doivent – être déterminants. La Chine vient de présenter une déclaration pour une " Communauté globale en vue d’un futur partagé ". Lors des entretiens de Valdaï, le 5 octobre, le président Poutine a promu les " conditions d’une juste multipolarité : comment assurer la sécurité et le développement pour tous dans un nouveau système mondial ". C’est dans ce contexte global que l’on peut avancer dans le Moyen-Orient, en élevant le débat par une offre nouvelle et généreuse. Vladimir Poutine a souligné qu’aucune civilisation ne peut et n’a le droit de se considérer comme supérieure aux autres, ce qui est d’une application évidente en ce qui concerne les expressions terrestres du judaïsme et de l’islam.
Le terrible conflit israélo-palestinien n’est qu’un élément dans une crise économique mondiale, qui dure depuis 1945 mais va en s’aggravant depuis 2008. L’on ne pourra résoudre ce dilemme sanglant qu’en l’inscrivant dans une solution à l’échelle internationale. Comme l’ont affirmé Poutine et Xi Jinping, cités par Global Times, " tout plan comportant des motivations géopolitiques est de nature à échouer à promouvoir le développement mutuel et pacifique au Moyen-Orient ". C’est en faisant un pas dans cette direction que la France peut jouer un rôle sans précédent en Asie du Sud-Ouest et au-delà, dans l’esprit des Non-alignés de Bandung qui renaît aujourd’hui et dans celui de" détente, d’entente et de coopération " du général de Gaulle.
Vaste programme, bien entendu. Cependant, sans une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement dans l’intérêt de chaque nation, au Moyen-Orient et dans le monde, l’effondrement du système financier occidental actuel, dû à ses vices intrinsèques, ne peut aboutir qu’à un choc " bloc contre bloc ". Et en fin de comptes, à une guerre mondiale, économique puis armée, dont le Déluge d’Al-Aqsa ne serait alors, avec l’Ukraine, que le premier orage.
Pour l’éviter, traçons la piste d’une solution collective, de l’Atlantique à la mer de Chine, et agissons pour que le basculement du monde vers l’Asie fasse du Moyen-Orient la pierre de touche de la paix par le développement mutuel.