En lançant une offensive au-delà de la bande de Gaza, le Hamas a remis une pièce dans la machine infernale du conflit israélo-palestinien. Un conflit dont les origines remontent à la Seconde Guerre mondiale.
Le 29 novembre 1947, au lendemain de la guerre et de l’Holocauste, l’Onu a en effet voté pour un plan de partage de la Palestine. Il s’agissait d’en finir avec la Palestine mandataire, jusque-là sous contrôle britannique, pour créer deux États, un juif et un arabe. La ville de Jérusalem devait conserver le statut de zone internationale.
Mais le plan de l’Onu tombe à l’eau dès le départ des Britanniques. Le 4 mai 1948, Israël proclame son indépendance. Immédiatement, les pays arabes -Égypte, Syrie, Jordanie, Liban et Irak– entrent en guerre contre le nouvel État. Le conflit dure un an et se solde par une victoire israélienne. L’État fixe temporairement ses frontières avec l’Égypte et le Liban, mais ses gains par rapport au plan de l’Onu de 1947 sont substantiels.
Une nouvelle flambée des tensions a lieu lors de la guerre des Six Jours, en 1967. Israël déclare la guerre à l’Égypte suite au blocus du détroit de Tiran, au large de la péninsule du Sinaï. Syrie, Jordanie, Irak et Liban se joignent une fois de plus à l’Égypte dans le conflit. Mais les pays arabes sont défaits suite à une guerre éclair, qui durera moins d’une semaine.
Au sortir du conflit, Israël triple sa superficie: l'Égypte perd la bande de Gaza, occupée en 1948, ainsi que le Sinaï. La Syrie perd le plateau du Golan, aujourd’hui encore annexé. La Jordanie perd la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Ces territoires sont dès lors couramment désignés sous le nom de "territoires occupés". Israël y favorise peu à peu l’installation de villages, de colonies et de kibboutz.
Le temps des intifadas
En 1973, la guerre du Kippour oppose une nouvelle coalition de pays arabes à Israël et s’ouvre le jour de la fête juive de Yom Kippour, férié en Israël. Prises par surprise, les forces israéliennes reculent, avant de parvenir à stabiliser la situation. L’incapacité des services de renseignements à voir venir l’offensive arabe fera beaucoup parler, scénario qui rappelle celui du conflit actuel. L’Égypte parvient à récupérer le Sinaï à la fin du conflit.
À partir des années 1990, le conflit prend un accent plus palestinien, avec le déclenchement de plusieurs intifadas, des soulèvements aussi appelés "guerre de pierres". Celle de 1987 débouche sur les accords d’Oslo et sur la Déclaration de principes, qui pose les bases d’une autonomie palestinienne pour une période de cinq ans. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, président du comité exécutif de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) reçoivent le prix Nobel de la paix pour ce rapprochement.
Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le président de l'OLP, Yasser Arafat se serrent la main alors que le président Bill Clinton préside la cérémonie marquant la signature de l'accord de paix de 1993
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En 2002, une deuxième intifada est déclenchée, sur fond de lutte d’influence entre les deux partis palestiniens: le Fatah, fondé par Yasser Arafat, et le Hamas, considéré par certains pays comme un mouvement terroriste. Les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’Onu tentent de mettre fin aux cycles de violences en proposant une Feuille de route pour la paix. Celle-ci prévoit la reprise des négociations et la création d'un État palestinien indépendant.
Suite à cette seconde intifada, Israël retire finalement ses troupes de la bande de Gaza en 2005, sans aucun accord politique. Le Hamas remporte de son côté les élections législatives de 2006, mais le conflit politique s’envenime avec le Fatah. Le Hamas prend finalement le contrôle total de la bande de Gaza après avoir évincé la plupart des militants du Fatah.
Le 29 novembre 2012, la Palestine reçoit finalement le statut d’État observateur auprès de l’Onu, ce que beaucoup considèrent comme une reconnaissance de facto du statut d’État palestinien par la communauté internationale.
La situation autour de Jérusalem reste néanmoins explosive. La résolution de l’Onu de 1947 prévoyait un statut international, mais Israël fait de la ville sa capitale par une déclaration unilatérale, en 1950. Les Palestiniens considèrent pour leur part Jérusalem-Est comme la capitale de leur État. Le Président américain Donald Trump ajoute encore à la confusion en 2018, en officialisant la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël. L’ambassade américaine y est transférée depuis Tel Aviv.