Cette démarche de Poutine en Ukraine qui "ouvre une boîte de Pandore" pour l'UE, selon Politico

Après l’adhésion de quatre nouvelles régions à la Russie, l’Union européenne se sent contrainte de s’élargir en acceptant entre autres l’Ukraine, écrit Politico. Une perspective peu brillante vu les innombrables problèmes internes des pays candidats et le risque de longues années de "luttes toxiques" à ce sujet entre les pays membres.
Sputnik
La décision de Vladimir Poutine d’accepter le rattachement de nouvelles régions à la Russie lors de l’opération militaire en Ukraine pousse l'Union européenne (UE) à faire adhérer en son sein au moins huit autres pays, selon le média américain Politico.
"L’ajout de nouveaux États, y compris potentiellement la puissance agricole de l’Ukraine ouvrirait une boîte de Pandore de défis. Des réformes internes radicales seraient nécessaires, ce qui déclencherait probablement des années de luttes intestines toxiques entre les membres actuels de l’UE", indique la publication.
Cependant, Vienne estime qu'"il est temps de faire preuve d'audace" et de changer d'approche sur la question de l'élargissement pour intégrer clairement les six pays des Balkans occidentaux ainsi que l’Ukraine et la Moldavie, a indiqué le ministre autrichien des Affaires étrangères, Alexander Schallenberg, cité par Politico.
Pour rappel, quatre nouvelles régions russes avec une population majoritairement russophone ont intégré le territoire russe suite aux référendums qui avaient eu lieu fin septembre 2022. Les participants au scrutin ont voté pour le rattachement avec ce pourcentage: 99,23% en république de Donetsk, 98,42% en république de Lougansk, 93,11% dans la région de Zaporojié et 87,05% dans la région de Kherson. Les accords avec leurs dirigeants ont été signés et la Cour constitutionnelle russe a ensuite reconnu ces accords comme correspondant à la Constitution de la Fédération de Russie.

Une tâche complexe

Selon Politico, un éventuel élargissement de l’UE nécessitera des réformes internes à grande échelle, ce qui pourrait provoquer une longue confrontation entre les membres actuels de l'UE.
"Le débat risque d’être féroce entre les capitales européennes alors que les responsables évaluent l’aptitude des pays candidats – les préoccupations concernant la corruption en Ukraine, par exemple, sont importantes. Et puis il y a la perspective cauchemardesque de réformer les processus décisionnels internes de l’UE pour accueillir un bloc beaucoup plus vaste", conclut l'article.

Des candidatures déjà acceptées

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky avait signé la demande d'adhésion de l'Ukraine à l'UE le 28 février 2022 et, lors du sommet de juin, Kiev et Chisinau ont obtenu le statut de candidat.
Dans le même temps, la Commission européenne a posé sept conditions. La réforme judiciaire est la plus complexe d'entre elles: le gouvernement ukrainien doit réformer la Cour constitutionnelle, achever les changements au sein du Haut Conseil de la justice et de la Haute Commission de qualification des juges, et poursuivre la lutte contre la corruption.
L'obtention du statut de candidat n'est que le début d'une longue route vers l'adhésion à l'UE. La Turquie l'a obtenu en 1999, la Macédoine du Nord en 2005, le Monténégro en 2010 et la Serbie en 2012. La Croatie a été le dernier des membres actuels à rejoindre l'UE, en 2013, un processus qui a duré dix ans.
À l’heure actuelle, huit pays ont le statut de candidat: la Macédoine du Nord, l'Albanie, la Serbie, la Turquie, le Monténégro, la Bosnie-et-Herzégovine, la Moldavie et l'Ukraine.
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