Un boulet au pied. L’obligation de passer par le dollar pour commercer entre États africains est une entrave qu’il faudrait faire sauter, affirme une résolution portée par David Sankok, membre kenyan de l'Assemblée législative est-africaine. Le responsable encourage la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) à opter pour les échanges en devises nationales.
Cela permettrait d’économiser sur les frais de change, d’accélérer la création d’une monnaie unique, et plus globalement de briser "les chaînes du néocolonialisme économique" imposées par le dollar.
"Le commerce entre pays, entre les États partenaires de la CAE et entre les membres de la CAE et d'autres blocs économiques, devient coûteux, punitif, encombrant, et gênant en raison de l’usage du dollar américain" a ainsi souligné le responsable.
Le législateur a cité l’exemple d'un commerçant ougandais, forcé d’échanger la monnaie ougandaise en dollar, puis les dollars en shillings tanzaniens, s’il voulait acheter des marchandises en Tanzanie voisine. Un mécanisme qui lui fait inévitablement perdre de l’argent en commissions.
Dédollarisation en Afrique
L’idée d’utiliser les devises locales à la place du dollar fait son chemin en Afrique depuis plusieurs mois. Mi-juin, le Président kenyan William Ruto s’était ainsi demandé pourquoi son pays "devaient acheter à Djibouti et payer en dollars", lors d’une allocution devant le parlement djiboutien. "Payons en dollars américains ce que nous achetons aux États-Unis", avait asséné le dirigeant.
Au-delà du commerce intra-africain, plusieurs pays du continent songent aussi à utiliser les monnaies nationales pour commercer à l’international. L’Inde a ainsi proposé à des États comme le Zimbabwe, le Malawi, l'Éthiopie de commercer en roupie. L’Algérie et la Russie ont également signé des accords pour renforcer les échanges en monnaies locales. Moscou soutient par ailleurs l’utilisation du yuan pour le commerce avec les pays d’Afrique.
En parallèle, plusieurs voix s’élèvent pour demander la création d’une monnaie unique africaine. La CAE a cependant reporté son projet de monnaie commune qui devait voir le jour à l’horizon 2024. Même refrain pour la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dont le projet ECO fait cependant du surplace.