La dédollarisation en cours n’est encore qu’"une goutte d'eau sur une pierre chaude"

Face à un éventuel défaut de paiement des États-Unis, Sputnik a demandé à un économiste britannique ce que cela signifierait pour l’économie mondiale. Selon Marc Ostwald, le "plafond d'endettement anachronique" "est un gros problème", mais personne ne semble pouvoir le contourner. D'après lui, aucun pays ne pourrait bénéficier d'un défaut des USA.
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Un défaut de paiement des États-Unis "aura clairement un impact négatif" sur le dollar, a indiqué dans un entretien à Sputnik Marc Ostwald, économiste en chef chez ADM Investor Services International.
Le fait que Washington ne puisse pas faire face au "plafond d'endettement anachronique" "est un gros, gros problème", regrette-t-il. S'il fait défaut sur sa dette, "cela sera très coûteux en termes d'emplois publics".
En effet, d'après les conseillers économiques de Joe Biden, si les États-Unis cessent durablement d'honorer leurs échéances financières, ils pourront perdre cet été plus de 8 millions d'emplois.

Pourquoi un défaut US pourrait affecter négativement le dollar?

Pour parler simplement, les titres de créance internationaux sont libellés en dollars. La population commence à se demander s'ils veulent vraiment emprunter dans une devise aussi volatile et effectuer des transactions avec elle, explique l'expert.
"Et surtout, pour les grands gestionnaires de réserves de change, et nous en avons beaucoup, surtout en Asie […] plus particulièrement la Chine et le Japon, la tentation de détenir une telle monnaie volatile et une dette ternie est évidemment beaucoup, beaucoup plus faible."
Mais personne ne semble pouvoir contourner "ce plafond d'endettement anachronique", note l'économiste.

"Quelles sont leurs alternatives?"

Un défaut "rendrait les choses beaucoup plus coûteuses" du point de vue de la capacité de Washington à combler son énorme déficit commercial, indique l'expert. Mais d'un autre côté, "les États-Unis sont en réalité à bien des égards capables d'être beaucoup plus autosuffisants". Or, dans un monde où les États-Unis sont une pierre angulaire du commerce mondial, l'idée qu'ils deviendraient beaucoup plus isolationnistes à la suite d'une telle décision est évidemment un inconvénient majeur, selon M.Ostwald.
En ce qui concerne les étrangers qui achètent de la dette américaine, d'un côté, les gens ne voudraient plus nécessairement en acheter. D'autre part, quelles sont leurs alternatives? s'interroge-t-il en évoquant la discussion en cours sur la dédollarisation.
"La majeure partie de la dette mondiale est libellée en dollars", a-t-il réitéré. Et la dette devra être remboursée, elle ne peut pas simplement être re-libellée dans une autre devise.

"Une goutte d'eau"

Quant au "privilège exorbitant" du dollar, il permet aux États-Unis de "gérer un très grand volume de dettes", a encore expliqué l'économiste. Mais ce privilège diminue définitivement, "comme nous l'avons vu avec de nombreux accords bilatéraux qui sont conclus entre divers pays" et principalement avec la Chine. Cependant, le volume total réel des échanges se fait actuellement toujours en dollars américains. Pour les autres monnaies, "vous parlez toujours d'une goutte d'eau sur une pierre chaude".
Pour Marc Ostwald, aucun pays et aucune devise ne pourrait bénéficier d'un défaut potentiel des États-Unis. Et si oui, ce serait très probablement "une victoire à la Pyrrhus". "En fin de compte, cela ne profite vraiment à personne". Et cela "garantit à peu près une très mauvaise récession dans le monde entier", a conclu le spécialiste.
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