L'Afrique subsaharienne fait face à une "grande pénurie" de financement selon le FMI

La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait baisser à 3,6% cette année alors que la région fait face à une "grande pénurie" de financement liée au tarissement de l’aide au développement et à l’accès de plus en plus restreint aux financements privés, a indiqué le Fonds monétaire international (FMI) vendredi.
Sputnik
Il s’agit de la deuxième année consécutive de baisse globale de la croissance en Afrique subsaharienne, a relevé l'institution financière dans ses perspectives économiques pour la région publiées à l'occasion des réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI qui se sont tenues à Washington jusqu'au 16 avril.
L'institution de Bretton Woods alerte que faute de mesures appropriées, ce manque de financement dans la région risque de contraindre les pays à réduire les ressources budgétaires consacrées à des domaines essentiels de développement tels que la santé, l’éducation et les infrastructures, ce qui empêcherait cette partie du monde de tirer pleinement parti de ses possibilités.
"La croissance dans la région varie d’un pays à l’autre. Certains pays, en particulier ceux de la Communauté d’Afrique de l’Est et les pays riches en ressources non pétrolières, devraient mieux s’en sortir que d’autres, mais certains des pays les plus importants d’Afrique subsaharienne sur le plan économique tirent le taux de croissance moyen de la région vers le bas", a déclaré Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du FMI, qui a cité dans ce cadre le cas de l’Afrique du Sud où la croissance devrait fortement ralentir pour s’établir à seulement 0,1% en 2023.
Entre 2020 et 2022, l'institution financière internationale a fourni à la région des financements à hauteur de plus de 50 milliards de dollars, soit plus du double du montant décaissé sur une période de 10 ans depuis les années 90. Le nombre de pays avec lesquels le FMI a conclu des accords de prêt était de 21 en mars 2023, et d’autres demandes sont à l’étude, a ajouté la même source.
Pour surmonter les difficultés actuelles, le Fonds recommande de renforcer la gestion des finances publiques et rééquilibrer les budgets, juguler l’inflation, permettre aux taux de change de s’ajuster en atténuant les effets négatifs sur l’économie, et veiller à ce que la lutte contre le changement climatique ne soit pas menée au détriment du financement de besoins fondamentaux tels que la santé et l’éducation.
La dette publique et l’inflation sont à des niveaux jamais vus depuis des décennies, la moitié des pays de la région sont en proie à une inflation supérieure à 10%, qui réduit le pouvoir d’achat des ménages et frappe de plein fouet les couches les plus fragiles de la population, a encore relevé le FMI.
Discuter