Des chercheurs ont découvert que le métal utilisé pour certains bronzes du Bénin, fabriqués à partir d’anneaux utilisés pour acheter des esclaves, provenait d’Allemagne, relate la revue PLOS One.
Il s’agit d'anneaux en laiton appelés "manilles", qui servaient de monnaie dans le commerce européen en Afrique de l'Ouest. Ensuite, le peuple Edo du Bénin (qui fait aujourd’hui partie du Nigeria) les a utilisés comme source de métal pour la fabrication de bronzes.
Ces sculptures comptent parmi les œuvres de l'art africain les plus réputées. Quelque 3.000 superbes œuvres d'art ont été créées entre le XVIe et le XIXe siècle.
La première preuve
Cependant, aucune recherche n'avait jusqu'ici établi un lien concluant entre les œuvres d'art béninoises et les manillas européennes. Désormais, les auteurs de l'étude ont une preuve.
Les scientifiques ont utilisé ces anneaux métalliques, récupérés sur des épaves de l'Atlantique datant du XVIe au XIXe siècle. Ils ont voulu retracer ainsi la provenance des œuvres d'art, confirmant que leur métal provenait de bracelets utilisés à l'origine pour acheter des esclaves. Grâce à des analyses isotopiques, les chercheurs ont ainsi découvert que la majorité du métal avait été extraite dans l'ouest de l'Allemagne.
En effet, la composition de ces manillas est similaire aux minerais de la Rhénanie allemande, ce qui suggère que l'Allemagne était la principale source de métal pour leur production et, finalement, celle des bronzes du Bénin.
Des œuvres d'art pillées par les Britanniques
Les bronzes du Bénin, qui existent sous forme de têtes, de plaques, de figurines et d'autres objets, "sont les œuvres d'art anciennes les plus célèbres de toute l'Afrique de l'Ouest", dit Tobias Skowronek, chercheur allemand et premier auteur de l'étude, cité par Eurekalert. En 1897, les forces britanniques ont envahi le Bénin et pillé la cour royale. Les Britanniques ont saisi les bronzes du Bénin avant de les vendre à des musées à travers l'Europe et les États-Unis.
Le Nigeria et le gouvernement de l'État d'Edo demandent depuis longtemps le retour des œuvres d'art, dont la plus grande collection se trouve au British Museum de Londres. Le Horniman Museum, un autre musée britannique, ainsi que l'Université de Cambridge, ont restitué leur collection de bronzes du Bénin, ainsi que des musées en Allemagne et aux États-Unis.