Le mois où l’Ukraine a basculé. En avril 2014, il y a tout juste neuf ans, l’Ukraine promulguait des mesures dites antiterroristes contre les militants du Donbass. Voici quelques dates clefs pour mieux comprendre cet épisode qui a creusé un fossé profond entre Kiev et des zones dans l’Est du pays.
Le 22 février 2014, un coup d’État met sur la touche le Président ukrainien Viktor Ianoukovytch, élu quatre ans auparavant avec plus de 80% des voix dans certaines régions de l’Est. Le Parlement destitue le dirigeant et modifie la Constitution. Oleksandr Tourtchynov est nommé Président par intérim.
Certaines régions ne reconnaissent pas la légitimité des nouvelles autorités de Kiev. Les manifestations, débutées en mars, s’intensifient à Donetsk, Kharkov et Lougansk. Les protestataires réclament un référendum sur le statut de leurs régions. Le mouvement s’étend à plusieurs villes, comme Slaviansk, Marioupol ou Kramatorsk.
Le 6 avril, le siège de l’antenne régionale du Service de sécurité ukrainien (SBU) à Lougansk est occupé par des manifestants. Des protestataires prennent également le contrôle de l'administration régionale à Donetsk et à Kharkov.
Mesures "antiterroristes"
Le 7 avril, le Président par intérim Oleksandr Tourtchynov annonce que des mesures "antiterroristes seront prises contre ceux qui ont pris les armes". Les autorités ne digèrent pas la saisie des bâtiments administratifs. Un quartier général anti-crise est mis en place par Kiev.
Le 15 avril, Oleksandr Tourtchynov annonce "une opération antiterroriste à grande échelle impliquant les forces armées ukrainiennes" dans l’est de l’Ukraine. De premiers affrontements ont lieu entre les forces de Kiev et les milices locales.
Le 28 avril, le maire de Kharkov, Gennady Kernes, reçoit une balle dans le dos alors qu'il fait du jogging. Les médecins locaux l’opèrent puis le transfèrent en Israël pour un traitement supplémentaire. Une enquête est ouverte pour"tentative de meurtre".
Le 11 mai 2014, deux référendums d’autodétermination sont organisés dans le Donbass, qui aboutissent à la création de la République populaire de Donetsk (RPD) et de la République populaire de Lougansk (RPL).
Les affrontements meurtriers aboutiront en septembre à la signature du protocole de Minsk I, suivi en février 2015 d’une seconde version (Minsk II), approuvée par l’Ukraine avec la médiation de l’Allemagne et de la France. Un coup d’épée dans l’eau, puisque certains dirigeants européens ont récemment avoué publiquement que ces accords n’avaient servi qu’à offrir plus de temps à Kiev pour renforcer son armée en vue d’un conflit ouvert avec la Russie.