"Réduire les risques de compétition en Afrique": un des enjeux de la visite de Macron en Chine

Le Président français, en visite en Chine, cherche à réduire les risques de compétition avec Pékin en Afrique, estime auprès de Sputnik le chercheur russe Alekseï Tchikhatchev. Il rappelle que l’Empire du milieu est actuellement le premier partenaire commercial de l'Afrique, tandis que la "crédibilité" de la France "n’est pas évidente".
Sputnik
Emmanuel Macron est arrivé en Chine pour une visite d’État de trois jours. Les enjeux sont multiples: il s’agit de la situation stratégique entre les Occidentaux, la Russie et la Chine, ainsi que l'influence de Pékin en Afrique, développe auprès de Sputnik Alekseï Tchikhatchev, chercheur russe à l'université d'État de Saint-Pétersbourg et au Club Valdaï.

Déclinaison africaine

La Chine est actuellement le rival stratégique de la France en Afrique, considère l’expert.
"Le vrai problème, c'est que les Chinois appliquent des méthodes qui sont difficiles à résister du point de vue français, parce que les entreprises chinoises gagnent les grands projets économiques. Tout d'abord, la Chine est parmi les premiers investisseurs de l'Afrique et le premier partenaire commercial", remarque-t-il.
Or, la stratégie africaine de la France "s'est concentrée plutôt sur les sujets de défense et de développement". Et "la crédibilité [de Paris] n'est pas évidente aujourd'hui".
D’après lui, Paris veut "réduire les risques de compétition avec la Chine en Afrique", voire trouver des positions communes sur les sujets compliqués tels que le climat, les dettes souveraines, la lutte contre le djihadisme.

Vision stratégique

L’UE constate que Pékin devient un partenaire économique de plus en plus solide pour Moscou.
"L'idée [de la visite du Président français, ndlr] est donc de persuader la Chine de rester neutre dans le conflit en Ukraine", explique l’expert.
Autre grand enjeu est la sécurité du Pacifique, car la France construit sa propre vision de la région, selon le spécialiste.

"La visite en Chine est nécessaire pour montrer que Paris peut dialoguer non seulement avec les Occidentaux ou l'Inde, que la France pèse dans la région, même si elle a besoin du soutien de l’Union européenne pour équilibrer Pékin en termes économiques et politiques", considère-t-il.

Ensuite, après les crises énergétiques et sanitaires, la France entend relancer son commerce extérieur. "La signature de quelques gros contrats pourrait donner un certain souffle pour l'économie française", soutient Alekseï Tchikhatchev.

L’UE comme multiplicateur d’influence

Le chef de l’État français est accompagné par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. À cet égard, Florian Philippot, président du parti Les Patriotes a récemment déclaré à Sputnik, que la France "se met elle-même sous la tutelle de l’Union européenne".
Pour Alekseï Tchikhatchev, la notion de la politique étrangère d'Emmanuel Macron est plus complexe, car elle admet la complémentarité de l'autonomie stratégique de l'UE et celle de l’Hexagone.
"Pour lui, la France seule est trop faible dans le monde actuel, elle a besoin d'un multiplicateur d’influence. Et ce multiplicateur, c'est bien sûr l'Union européenne. Ça explique cette motivation d'inviter Ursula von der Leyen en Chine aussi", résume-t-il.
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