"Court-circuiter le dollar": quel futur pour la monnaie américaine sur le marché international?

Les sanctions antirusses pousse la dédollarisation plus loin, parce que de plus en plus d’États se tournent vers les échanges commerciaux par le biais d’autres monnaies que le dollar. Les États-Unis "ont du mal à se rendre compte que le monde a changé", estime au micro de Sputnik un gestionnaire financier malien.
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Le processus de dédollarisation a été entamé lorsqu’"on a commencé à utiliser le dollar comme outil de sanction", explique auprès de Sputnik Modibo Mao Makalou, économiste et gestionnaire financier malien.
"Jusqu'à récemment, le dollar servait pour 70% des transactions mondiales, maintenant, il est à 59 %. […] En cas de punition de certains pays comme pour l'Iran, la Russie et d'autres pays, le Venezuela et bien d’autres, finalement les pays trouvent des alternatives", développe-t-il.
À cela s’ajoute le possible élargissement des BRICS, auxquels souhaitent adhérer l’Arabie saoudite, la Turquie ou encore l’Égypte. La plateforme examine en ce moment le lancement d’une monnaie commune pour les transactions afin de "court-circuiter le dollar".
Une perspective bien réelle "à moyen terme", qui doit être précédée par l’amplification des échanges entre les BRICS, analyse Dr Modibo Mao Makalou.
Dans ce contexte, les pays de cette plateforme "vont utiliser de moins en moins de dollars et surtout l'Arabie Saoudite et la Russie, très grands producteurs de pétrole".

"Le multilatéralisme a changé"

Alors que les sanctions occidentales se resserrent, d’autres pays commencent à se tourner vers d’autres monnaies. "C’est le manque de réalisme et de pragmatisme" de la part de Washington, qui devra en prendre conscience, poursuit l’expert en finances.

"Ceux qui ont longtemps dominé le monde, l'Angleterre pendant le XIXᵉ et les États-Unis pendant le XXᵉ siècle, ont du mal à se rendre compte que le monde a changé. Et le multilatéralisme même a changé."

Vers une crise financière?

Après avoir prédit la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008, Robert Kiyosaki laisse planer le doute quant au futur du Crédit Suisse. Une idée que Modibo Mao Makalou ne se précipite pas à partager. Pourtant, il n’exclut pas une future crise financière.
"Les sanctions contre la Russie ont beaucoup affecté le marché des hydrocarbures. La Russie est un des plus gros exportateurs de pétrole, mais aussi de céréales et d'entrants agricoles. Donc tout cela va quand-même bouleverser un peu le marché international", poursuit le financier.
Il pressent l’augmentation des taux d’intérêt qui risquent de ralentir l’économie mondiale encore et conduire à "une récession économique mondiale", à "une crise financière, parce que des banques risquent d'avoir beaucoup de difficultés avec les crises de la dette souveraine".
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