Les autorités américaines ont annoncé le 12 mars une série de mesures pour tranquilliser particuliers et entreprises à l'égard de la solidité de leur système bancaire, après la faillite éclair de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB). Interrogé par Sputnik, l’économiste russe Evgueni Kogan parle des répercussions à long terme de la situation.
Malgré les baisses de la Bourse, enregistrées ces derniers jours, le problème avec la banque n’a pas de caractère global, avance-t-il.
"La Bourse est en baisse depuis plusieurs jours. Je ne peux pas dire que la chute soit globalement dramatique [...]. On se souvient de l'effondrement de la banque Lehman Brothers [le collapse spectaculaire de cette banque d’investissement en 2008 a entraîné une crise financière mondiale, ndlr], quand la Bourse chutait avec des pourcentages fous chaque jour: non, ce n'est pas le cas", constate-t-il.
L’expert pointe la politique financière des autorités.
"En gros, les autorités financières américaines ont décroché le pompon: elles ont dit [...] qu'il faut remonter les taux, lutter contre l'inflation, mais cette dernière a été générée par celles-ci. En même temps, elles mettent en place une politique de resserrement quantitatif, retirant du système financier des liquidités de 95 milliards par mois. Il était donc impossible de ne pas décrocher le pompon", indique-t-il.
Le secteur technologique survivra
La banque est victime de la hausse des taux d’intérêt, effectuée par la Fed américaine, et en même temps de l’exode de clients, à savoir de grands groupes technologiques, ce qui a créé un trou de 40 milliards de dollars dans la banque, rappelle l’expert.
Pourtant, cette situation ne brisera pas le secteur technologique américain, bien qu’un certain nombre d'entreprises affichent de mauvais chiffres dans leurs bilans et la chute d’actions de 5 à 20%, selon lui.
Pas de spectre de crise comme en 2008
Evgueni Kogan a rejeté la possibilité d'une répétition de la crise financière mondiale de 2008:
"Elles (les autorités) prendront toutes les mesures extraordinaires, elles cesseront même à un moment donné de lutter contre l'inflation, car la stabilité du système financier est plus importante que de lutter contre l'inflation".
Pourtant, le monde risque de sombrer dans la stagflation à la suite de ce qui se passe, prévient-il.
Actuellement, les autorités doivent éteindre la panique du secteur bancaire et poursuivre la lutte contre l'inflation. Ensuite, il faut voir si la situation entraînera une chaîne de nouvelles faillites qui pourrait toucher non seulement la tech, laquelle connaît une croissance assez rapide, mais également d'autres industries où les taux de rentabilité sont beaucoup plus faibles, considère l’expert.
Faillite éclair
La Silicon Valley Bank, confrontée à une soudaine panique bancaire et à une crise des capitaux, a fermé le 10 mars et a été reprise par les régulateurs fédéraux. Relativement inconnu en dehors de la Silicon Valley, l’établissement était parmi les 20 premières banques commerciales américaines, avec un actif total de 209 milliards de dollars fin 2022. Le 8 mars, SVB a annoncé qu'elle avait vendu plusieurs titres à perte et qu'elle vendrait également 2,25 milliards de dollars en nouvelles actions pour consolider son bilan. Cela a déclenché une panique parmi les investisseurs.
Donald Trump a accusé le Président Biden d’être responsable des problèmes économiques des États-Unis et a tablé sur une nouvelle "Grande dépression", plus importante même que celle d’il y a presque 100 ans.