Diplomatie burkinabé: "On envoie des militaires se faire former en Russie"

Interview avec Mme Olivia Rouamba, ministre des Affaires étrangères de la Coopération Régionale et des Burkinabè de l'extérieur du Burkina Faso.
Sputnik
Sputnik: l'ambassadeur russe avait récemment effectué une visite de travail au Burkina Faso, au cours de laquelle le renforcement de la coopération avait été discuté. Pour les domaine de la sécurité et de la défense, comment le Burkina souhaite-t-il renforcer cette coopération avec Moscou?
Olivia ROUAMBA: Je dois dire que, avant que ladite visite ne soit entreprise, l'ambassadeur avait d'abord présenté ses lettres de créance auprès de son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré, le président de la transition du Burkina Faso. À l'occasion, des échanges très fructueux ont été menés. Pendant ceux-ci, il était justement question que l'ambassadeur puisse revenir afin que nous déclenchions au niveau diplomatique un certain nombre de domaines de coopération, qui à notre avis étaient restés inactifs jusqu'à ce jour. Et c'est en ce sens qu’il est revenu.
La question qui porte sur la coopération au niveau de l'enseignement a été évoquée. Il y a aussi la question purement diplomatique qui rentre dans le cadre de comment renforcer la coopération entre nos deux ministères en charge des Affaires étrangères.
Et la question sécuritaire s'est bien évidemment aussi invitée. A ce niveau, il faut relever que les relations entre le Burkina Faso et la Russie sont séculaires, elles ne datent pas de maintenant. Des relations qui ont connu d'ailleurs leur apogée pendant la révolution burkinabè, la révolution qui a été menée par le Président Thomas Sankara. Et à l'occasion, beaucoup de burkinabés ont été formés en Russie et ce dans différents domaines.
La question militaire depuis lors a toujours continué son bonhomme de chemin. Ce qui fait qu'il y a beaucoup de militaires burkinabés qui sont formés là-bas. Et ça rentre dans le cadre normal de la coopération. Cette coopération continue parce que de plus en plus, on envoie des militaires burkinabés se faire former en Russie.
Sputnik: pourriez-vous nous dire combien de militaires sont formés par an?
Olivia ROUAMBA: Je pense qu'on peut passer ce chiffre sous silence. Parce que ça relève quand même du secret. Mais toujours est-il qu'il y a un intérêt particulier pour le Burkina Faso d'acquérir l'expérience russe en terme militaire. Donc il y a un attaché de défense russe qui par moment effectue des déplacements du côté du Burkina Faso. Il est d'ailleurs résident à Accra, je crois. Il a pour juridiction le Burkina Faso. Et c'est l'ambassade de Russie à Abidjan qui couvre Ouagadougou diplomatiquement parlant. Donc c'est pour vous dire que ces relations sont belles et bien existantes. Ce sont des relations officielles, aucun nuage ne plane sur ces rapports.
Sputnik: Maintenant que le Burkina fait face à la menace terroriste, comment cette coopération avec la Russie pourrait l'aider? Le Burkina est-il intéressé par l’acquisition d'équipements militaires? Peut-être des aéronefs militaires comme pour le Mali? Quels sont les besoins du Burkina à cet égard?
Olivia ROUAMBA: Je dirais qu'à l'instar d'autres pays, la démarche est menée. C'est le cas aussi pour acquérir des équipements militaires de la Russie. Parce que c'est un pays qui fait habituellement les expositions de son armement. Et vous vous souviendrez que lors du sommet Russie-Afrique c'était comme un salon d'exposition de l'armement russe. Et tous les pays africains y étaient invités. Au regard de notre contexte, il est évident qu’il nous faut des équipements. Parce qu'on ne va pas se battre les mains nues. Autant on fera des commandes auprès de la Russie, autant auprès de certains pays européens, auprès même de pays comme les USA.
Par exemple, on a des aéronefs qui sont à terre, qui sont en mauvais état, et on a besoin de pièces de rechange et ce n’est qu’auprès des États-Unis qu’on peut trouver toutes ces pièces-là.
Donc c’est pour vous dire que ce n’est pas des aspects cachés, on suit toutes ces procédures pour l’acquisition de ces équipements, ce n’est pas du trafic, pas du tout.
Sputnik: Pour le sommet Russie-Afrique qui se tiendra en juillet prochain, est ce que le Président Traoré tient à y participer? A-t-il confirmé sa présence?
Olivia ROUAMBA : On a reçu l’invitation, bien évidemment, nous sommes en train de travailler avec la partie russe. Jusque-là on n’a pas de consignes concrètes mais tout dépendra de l’agenda, parce que vous savez qu'on est dans un contexte assez particulier, et le Président n’est pas un Président ordinaire comme on le croit, parce qu’il est chaque fois sur le terrain, il mène des actions. Tout dépendra de l’actualité de la situation sécuritaire et on verra si c’est favorable ou pas. Mais on a reçu l’invitation et nous remercions la Russie pour cela, ça démontre l’excellence des relations entre nos deux pays.
Sputnik: Il a été aussi question de faire une commission mixte pour relancer les relations commerciales et économiques entre nos deux pays. Comment se déroulent les préparatifs? Quand est-ce que cette commission pourrait se tenir? Cette année peut-être?
Olivia ROUAMBA: Ca peut être cette année, comme l’année prochaine. Toujours est-il que les débats sont en cours, et les techniciens ainsi que les experts travaillent sur les différentes questions qui seront évoquées. Il nous appartiendra de trouver le créneau approprié selon les agendas des deux patries pour le tenu de la commission. Je pense que le plus vite serait le mieux, car cela permettra de signer un certain nombre d’accords qui vont permettre d’opérationnaliser le champ d’intérêt commun dans de brefs délais.
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