L'histoire du ballon chinois abattu au-dessus des États-Unis est l’indicateur d'une scission entre Washington et Pékin. L'engin en question n'est pas le premier du genre à survoler le territoire américain, a prévenu la Maison-Blanche. Des épisodes semblables s'étaient déjà produits à l'île d'Hawaï, rappelle le professeur d'études asiatiques et africaines au Colegio de México, David Nazar Coutiño, dans une interview à Sputnik.
"L'administration Biden dit: 'Cela se passait déjà, mais rien n'a été fait auparavant'. Si cela est vrai, c'est aussi un indicateur intéressant que les relations (des États-Unis avec la Chine) sont beaucoup plus tendues", a estimé le chercheur. Car à la différence de l'époque Trump, aujourd’hui, Washington a considéré qu'il s'agissait d'une menace à laquelle il fallait répondre.
Personne ne cherche une guerre
Malgré les déclarations du secrétaire général de l'Otan, Nazar Coutiño estime qu'"aucune personne raisonnable" ne recherche une guerre qui opposerait deux puissances nucléaires comme la Chine et les États-Unis, en raison du risque d'anéantissement mutuel. Jens Stoltenberg avait en effet déclaré, en référence au conflit en Ukraine, que "ce qui se passe en Europe aujourd'hui pourrait se passer en Asie demain".
En ce qui concerne les hypothèses selon lesquelles le ballon abattu n'était pas un engin civil ayant dévié de sa trajectoire pour entrer par accident dans l'espace aérien américain, la collecte de renseignements est une pratique courante des pouvoirs politiques de la planète, selon l'expert.
Un statu quo contesté
"Ce n'est pas quelque chose que les États-Unis ne font pas. Ce qui est nouveau, depuis des décennies, c'est que la Chine le fait globalement, que la Chine a la capacité économique de le faire. Il y a une puissance qui émerge et son émergence dans l’espace restreint de la société internationale implique des mouvements, implique des déséquilibres", ajoute-t-il.
"Et cela peut impliquer que c'est une puissance qui conteste le statu quo, le statu quo est celui où les États-Unis et leurs alliés dominent, donc il est aussi naturel que l'autre partie veuille réprimer cette émergence."
Selon lui, les deux pays cherchent déjà à tirer profit de la situation, par exemple le Parti républicain, opposé à Biden, qui critique sa gestion de l'affaire.
De manière générale, Pékin et Washington ne créent pas de canaux de communication directs pour résoudre les incertitudes, fait ressortir David Nazar Coutiño. L'histoire du ballon a "coupé le processus d'apaisement des tensions" qui se profilait entre les deux parties, estime-t-il. En serait la preuve de l'annulation du voyage du chef du département d'État, Antony Blinken, en Chine.
"Nous devrons voir dans les jours à venir à quel point cela s'aggrave, en fonction de ce que les États-Unis trouvent dans les restes du ballon qu'ils ont abattu. Car ils ont déjà récupéré une partie, au moins, de ce qui est tombé à la mer, et disent qu'ils vont l'analyser", conclut Nazar Coutiño. En effet, d'après Bloomberg, des représentants de la Maison-Blanche ont fait savoir au Congrès que l'appareil contenait des éléments occidentaux. Ils avaient des inscriptions en anglais.
Plus tard dans la journée de vendredi, les Etats-Unis ont annoncé avoir abattu un nouvel "objet volant à haute altitude" au-dessus de l'Alaska.
Plus tard dans la journée de vendredi, les Etats-Unis ont annoncé avoir abattu un nouvel "objet volant à haute altitude" au-dessus de l'Alaska.