Engin espion ou aéronef civil? Le psychodrame autour du ballon chinois qui a survolé les États-Unis en ce début février peut prêter à sourire, mais il a aussi dû rappeler de bien mauvais souvenirs aux Américains.
Le ballon a en effet été utilisé comme une arme de guerre par les forces japonaises durant la Seconde Guerre mondiale. De novembre 1944 à avril 1945, l’opération Fugo permis ainsi de lancer plus de 9.000 ballons kamikazes vers la côte Ouest des États-Unis.
Faits de bois et de papier de mûrier, ces aéronefs transportaient des bombes incendiaires. Ils étaient capables de dériver pendant plusieurs jours grâce à leurs réserves en hydrogène. La plupart des ballons japonais se perdirent en mer, mais au moins 300 d’entre eux parvinrent à atteindre les côtes américaines et à larguer leurs explosifs. Certains provoquèrent des feux de forêts.
En mars 1945, l’un d’entre eux heurta même une ligne électrique à haute tension, provoquant une panne temporaire à l'usine de Hanford, dans l'état de Washington. Ironie macabre: cette usine produisait le plutonium qui allait être utilisé dans la bombe atomique larguée sur Nagasaki, cinq mois plus tard.
Censure gouvernementale
Pour éviter la panique et empêcher les Japonais d’affiner leur ciblage, les autorités américaines ont longtemps gardé le secret sur ces lâchers de ballon. Les médias étaient invités à ne pas divulguer d’informations au sujet de ces attaques.
La censure fut levée après qu’un ballon eut tué une mère de famille et ses cinq enfants dans la ville de Bly, en Oregon, en mai 1945. Washington décida alors de mieux communiquer sur les attaques japonaises, enjoignant les citoyens de ne pas s’approcher des ballons tombés au sol.
Aujourd’hui, les ballons à gaz sont surtout utilisés à des fins scientifiques. La Chine en fait notamment un usage intensif. 75% des observations météorologiques sont ainsi réalisées par ballons dans l’Empire du milieu.
Pékin est logiquement un gros exportateur. La society Zhuzhou RubberResearch& Design produit ainsi plus de 130.000 ballons chaque année. En février 2022, elle en avait fourni plus de 20.000 à seize pays d’Afrique.