Le 20 janvier 2023 a marqué les 50 ans de l’assassinat d’Amilcar Cabral, figure emblématique du mouvement indépendantiste bissau-guinéen et cap-verdien.
Né en Guinée-Bissau, colonie portugaise à l’époque, dans un milieu aisé, il part à Lisbonne à l’âge de 21 ans pour des études universitaires en agronomie. De retour au pays, il est chargé du recensement agricole et parcourt toute la Guinée-Bissau pendant deux ans.
"Je viens de la très petite bourgeoisie qui a commencé la lutte. J'étais un agronome travaillant sous la direction d'un Européen, dont tout le monde savait qu'il était l'une des personnes les plus stupides de Guinée. J’aurais pu lui apprendre à travailler les yeux fermés, mais c’est lui qui était le maître. C'est un fait peu important, mais il en apprend beaucoup. Cet exemple est d'une importance primordiale pour déterminer comment l'idée originale de la lutte est née", s’est souvenu Amilcar Cabral.
Il se focalise sur la culture et le panafricanisme, ainsi que leur critique du néocolonialisme: "Les Africains savent que le serpent peut changer de peau, mais que c'est toujours un serpent".
Lutte armée
En 1956, à l’âge de 32 ans, Amilcar Cabral constitue le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), qui cherche d’abord une issue pacifique au statut colonial de la Guinée et des îles du Cap-Vert.
Marxiste convaincu, le militant lusophone a mis au point le concept de "suicide de classe de la bourgeoisie" au nom du patriotisme national. D’après lui, c’est la bourgeoisie nationale qui doit prendre la tête de la lutte contre le colonialisme. Sous la direction de cette même bourgeoisie, cette révolution deviendra socialiste. Ensuite la bourgeoisie devra renoncer à son capital, a-t-il soutenu.
À partir de l’année 1963, le PAIGC s'oriente vers la lutte armée et se bat contre l'armée portugaise sur plusieurs fronts à partir des pays voisins, la Guinée Conakry et la Casamance, province du Sénégal. En 1972, les Nations unies finissent par considérer le PAIGC comme véritable et légitime représentant des peuples de la Guinée et du Cap-Vert.
L’indépendance acquise
Le 20 janvier 1973, Amilcar Cabral a été assassiné à Conakry par des membres de son propre parti.
Deux ans après, en 1975, la Guinée-Bissau proclame son indépendance, fait dont Cabral n’a pas pu profiter. Le premier Président de la République de Guinée-Bissau est devenu son demi-frère et cofondateur du PAIGC, Luis Cabral.
Des décennies après la disparition du militant, son héritage reste visible en Guinée-Bissau, au Cap-Vert et au Portugal.
"Les colonialistes ont l’habitude de dire qu’eux, ils nous ont fait rentrer dans l’histoire. Nous démontrerons aujourd’hui que non: ils nous ont fait sortir de l’histoire, de notre propre histoire, pour les suivre dans leur train, à la dernière place, dans le train de leur histoire", selon ses propres paroles.