En Tunisie, les difficultés économiques entraînent une hausse du nombre de divorces

Confrontés à la précarité financière, les Tunisiens se marient de moins en moins, tandis que le taux de divorce reste en hausse. Au cours de l’année judiciaire 2018-2019 les tribunaux tunisiens ont prononcé 17.306 divorces, une augmentation de 15,5% par rapport à l’année 2014-2015.
Sputnik
Sur les cinq dernières années, le nombre de divorces est en constante augmentation en Tunisie. Selon les dernières statistiques disponibles, relayées par le média tunisien Leaders, au cours de l’année judiciaire 2018-2019, les tribunaux tunisiens ont prononcé 17.306 divorces. Soit une augmentation par rapport à l’année précédente, laquelle avait enregistré 16.750 jugements de divorce, tandis qu’en 2014-2015 cet indicateur était de 14.982 divorces.
"La précarité, qui affecte de plus en plus les couches moyennes ainsi que la classe populaire, la crise économique, le chômage, le Covid-19 pourraient être une hypothèse valable pour expliquer le phénomène du divorce", explique à RFI Mehdi Mabrouk, professeur de sociologie à la faculté du 9 avril à Tunis.
Pour faire face à cette tendance, fin 2021, un comité national a été créé en Tunisie, qui comprenait des représentants des ministères de la Justice, de l’Intérieur, des Affaires sociales, de la Femme, de la Famille et des Personnes âgées. L’organe a été chargé de préparer un projet de loi sur la médiation familiale.
"Les tensions conjugales touchent beaucoup plus les familles dont les besoins financiers, sociaux et sanitaires sont plus importants", a admis en septembre 2021 Malika Bejaoui Ouerghi, responsable au ministère de la Femme, lors d’une rencontre dédiée à la médiation familiale.

"Le divorce n’est plus diabolisé"

De plus, la société tunisienne ne "diabolise" plus le divorce, indique l’expert.
"La massification de l’éducation en Tunisie et les médias offrent un champ de valeurs, de normes, qui rend le choix (de divorcer) légitime. Le divorce n’est plus diabolisé, il est un choix rationnel de plus en plus accepté dans la société tunisienne, puisqu’il traduit donc ce choix libre de l’homme ou bien de la femme, lorsqu’il juge qu’il n’est plus possible de continuer cette relation conjugale", poursuit Mehdi Mabrouk.
Quant au taux de mariages, selon l’Institut national de la statistique (INS), cet indicateur diminue ces dernières années, de 110.119 en 2013 à 65.630 en 2020, soit une baisse de 33%. Pourtant, au cours de l’année 2021, la situation s’est légèrement améliorée, avec 71.572 de mariages enregistrés.
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