Quel est le rôle des instructeurs russes dans la reprise du contrôle de Bangui sur la Centrafrique?

Il y a 2 ans, une offensive de rebelles contre la capitale centrafricaine a failli saper des élections longuement préparées. L'aide accordée par Moscou, par le biais d'instructeurs qui ont formé des soldats du pays, a contribué à renforcer l'armée nationale, a indiqué à Sputnik le chef de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale.
Sputnik
Le 19 décembre 2020, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), un mouvement armé centrafricain créé le 17 décembre 2020 par la fusion de plusieurs groupes armés, a entamé une offensive sur Bangui. Les hostilités contre le pouvoir de Faustin-Archange Touadéra ont été lancées dans plusieurs régions du pays, la CPC souhaitant l'annulation de la tenue des élections législatives et présidentielle prévues pour le 27 décembre.
Deux ans après, alors que les autorités ont rétabli leur contrôle sur la plupart du territoire national, il est temps d'analyser comment l'aide de spécialistes militaires russes a contribué à ce résultat.
Selon le chef de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (COSI) Alexandre Ivanov, l'attaque contre la capitale a été une "trahison du peuple de Centrafrique".
Après le lancement des hostilités, accompagnées de violences, de viols et de pillages, le Président Faustin-Archange Touadéra a demandé de l'aide en urgence aux pays voisins, à l'UE, à la Russie et au Rwanda, a-t-il rappelé à Sputnik. La Russie a rapidement envoyé dans le pays 300 instructeurs russes et 4 hélicoptères Mi-8 avec équipages.

Des missions inefficaces

Cependant, plus de 11.000 soldats de l'Onu avaient été engagés pour empêcher les formations armées illégales de saper les élections, longuement préparées. Mais ces formations ont occupé plusieurs régions et localités autour de Bangui. "Si le contingent de la paix qui se trouvait en Centrafrique depuis 2013 avait travaillé comme il faut, il n'y aurait pas eu d'attaques de rebelles en 2020", martèle M.Ivanov.
Selon lui, en sept ans, les soldats de la paix n'ont pas changé la situation en matière de sécurité en Centrafrique. L'expert a spécialement noté l'inefficacité des missions françaises. Celle-ci serait le mieux illustrée par les multiples demandes d'Africains de différents pays pour que la France quitte le continent au plus vite.
Les spécialistes russes avaient pour tâche de former une armée capable de protéger les civils des menaces extérieures et intérieures. Les programmes ont été composés spécialement pour la Centrafrique, souligne Alexandre Ivanov.
"Lors des attaques de 2020-2021, nous n'avons pas laissé nos protégés, en continuant leur formation lors de la campagne militaire", a-t-il fait ressortir.

Une intervention en vue?

À l'heure actuelle, il constate un important progrès en matière de sécurité et de défense en Centrafrique. Les instructeurs russes forment désormais non seulement les soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) mais aussi les forces de l'Intérieur, la police et la gendarmerie. L'armée centrafricaine a repris du poil de la bête, selon lui.
"Le peuple de Centrafrique, las de la guerre et de la dévastation, s'est uni et veut œuvrer pour le bien du pays", estime l'expert russe.
Cependant, la récente attaque contre la base militaire de Bossangoa, où un avion inconnu a largué des explosifs en causant des dégâts matériels, témoigne de préparatifs d'une intervention dans le pays, estime M.Ivanov.
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