Des chercheurs russes découvrent comment des enfants deviennent victimes de pédophiles sur Internet

Une importante étude sur les mécanismes psychologiques du cybergrooming - abus sexuel d'enfants utilisant Internet - a été réalisée par des scientifiques du Centre national de recherche médicale Serbski pour la psychiatrie et l’addictologie et de l’Université psychologique et pédagogique d'État de Moscou (MSUPE).
Sputnik
Les résultats ont été publiés dans la revue Psychology and Law .
Selon les experts, les statistiques criminelles indiquent que ces dernières années le nombre de crimes contre les enfants et les adolescents a augmenté. Ceci s'applique également aux actes sexuels commis en utilisant Internet.
Il existe même un terme spécial pour le harcèlement sexuel sur Internet: le cybergrooming. Il sous-entend une tactique spécifique de l'agresseur impliquant l'enfant dans des activités sexuelles, dont la victime ne comprend souvent pas le sens.
Les chercheurs du Centre national de recherche médicale Serbski pour la psychiatrie et l’addictologie et de l’Université psychologique et pédagogique d'État de Moscou (MSUPE) ont mené une analyse détaillée de l’état des mineurs victimes d’actes sexuels à la suite de cybergrooming. Ce travail, selon les auteurs, s’inscrit dans la continuité dela première étude russe sur ce problème.
"Le pédophile établit des relations amicales avec l'enfant, en vérifiant le risque de détection de leurs conversations. Puis, il introduit un thème sexuel et obtient de l'enfant des photos ou des actions à caractère érotique ou pornographique, ou une rencontre réelle", a déclaré la professeur au MSUPE Elena Dozortseva, chef du laboratoire de psychologie de l'enfance et de l'adolescence du Centre national de recherche médicale Serbski pour la psychiatrie et l’addictologie.
Dans le cadre d'un examen médico-légal psychologique et psychiatrique, des spécialistes ont examiné des victimes âgées de 8 à 18 ans. Selon les scientifiques, les victimes de cybergrooming ont révélé un certain nombre de caractéristiques qui les rendent vulnérables à de telles atteintes.
La moitié des filles avaient des familles en conflit ou socialement défavorisées, avec négligence et alcoolisme de leurs parents. Les deux tiers des personnes interrogées ont été victimes de négligence ou d'agression de la part de leurs pairs à l'école. Un quart des filles souffraient de troubles mentaux chroniques, plus d'un tiers avaient des problèmes de santé physique qui rendaient difficile pour elles la communication dans un environnement normal.
"Les victimes percevaient souvent avec joie une attitude attentive et apparemment amicale du cybergroomer, le considérant dans la moitié des cas comme leur ami ou leur partenaire amoureux. Certaines des filles restaient en contact avec les pédophiles, car elles s'intéressaient aux relations hommes-femmes. Dans 60% des cas, l'expérience vécue a été évaluée comme psychologiquement traumatisante", a déclaré Mme Dozortseva.
Les experts soulignent que les parents doivent comprendre les risques auxquels les enfants sont exposés sur Internet et être plus attentifs à leurs contacts virtuels. La tâche des parents est d'établir des relations de confiance avec les enfants et de les soutenir dans toute situation problématique.
"Malheureusement, parfois, les parents eux-mêmes mettent les enfants dans une situation vulnérable en publiant leurs photos sur Internet et en faisant des connaissances virtuelles douteuses. Ils devraient être plus conscients des conséquences de telles actions. Les enseignants et les psychologues devraient accorder plus d'attention aux enfants particuliers et aux adolescents qui se retrouvent en dehors d'une communication normale avec leurs pairs et qui ont des difficultés d'adaptation et un manque d'attention positive", a déclaré la professeur Dozortseva.
Les scientifiques sont sûrs que discuter des risques possibles des rencontres sur Internet avec les enfants et les adolescents, ainsi que les informer en temps opportun sur les relations hommes-femmes aidera à développer leur propre résistance aux influences négatives.
Les spécialistes du Centre national de recherche médicale Serbski pour la psychiatrie et l’addictologie poursuivent leurs recherches sur le cybergrooming afin de développer des mécanismes de prévention rapide.
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