"Qu'ils retournent en Afrique": tollé en France après une remarque d’un député au sujet des migrants

Un député RN a lancé une remarque jugée raciste alors que son collègue de LFI était en train d’évoquer le sort d'un bateau de migrants actuellement en difficulté au large de la Méditerranée. L’Assemblée nationale devra trancher concernant les sanctions à l’encontre l’élu.
Sputnik
La séance de l’Assemblée nationale française a été suspendue le 3 novembre, après des propos perturbants tenus par le député du Rassemblement national (RN) Grégoire de Fournas.

Le déroulement des faits

Le député de La France insoumise (LFI) Carlos Martens Bilongo, d’origine ivoirienne, né en France, prenait la parole dans l’Hémicycle pour évoquer le sort des migrants dans la Méditerranée: "Les personnes secourues se trouvent dans une situation d’urgence absolue, les prévisions météo indiquent une détérioration significative du climat".
Sa prestation a été interrompue par une remarque du député RN Grégoire de Fournas: "Qu’ils retournent en Afrique!", suivi d’un chahut général.

Confusion autour du verbatim de la phrase

Alors que les versions se diffèrent concernant le verbatim, d’après les députés LFI cette phrase, entendue comme "retournent en Afrique" s'adressait en fait directement à Carlos Martens Bilongo.
"Je suis né en France, je suis député français, et je ne pensais pas aujourd'hui qu'à l'Assemblée nationale, j'allais me faire insulter. On m'a insulté moi et toutes les personnes qui sont en France et qui ont cette couleur de peau [...]. C'est honteux", a commenté l’élu après la suspension de la séance.
Le député RN a donné quelques versions de sa prise de parole, mais dans tous les cas en se démarquant des atteintes à caractère personnel. Selon Grégoire de Fournas, il ne parlait pas du député LFI, mais du bateau de migrants. " En réalité, il n’y avait rien de problématique. C’est dans notre programme, le fait d’arrêter les vannes migratoires ", a justifié l’élu sur LCP en dénonçant la "manipulation" de LFI.
Sa famille politique a fait bloc derrière lui. Une polémique "grossière", a réagi Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale.

Réactions

Ces propos ont suscité l’indignation de la classe politique.
Emmanuel Macron s’est dit "heurté" par des propos "intolérables", a rapporté l’entourage du chef de l’État à l’AFP.
La Première ministre Élisabeth Borne a dénoncé le "racisme" qui devrait être sanctionné.
"Quelle honte", a réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Réunion du bureau de l’Assemblée

Le bureau de l’Assemblée se réunira ce 4 novembre pour décider ou non de sanctions à l’encontre de l’élu RN.
Intervenant sur BFM TV ce 4 novembre, Gérald Darmanin a estimé que "la question de la démission" de Grégoire de Fournas se posait. La veille, Jean-Luc Mélenchon avait réclamé dans un tweet la "déchéance et l’exclusion de l’injurieur".
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