De plus en plus de familles tunisiennes déplorent leurs proches morts ou portés disparus dans des tentatives pour rejoindre illégalement les côtes européennes, afin de trouver une meilleure vie. Ainsi, Lioubna al-Baya, âgée de 41 ans, cherche des informations sur son fils Ayman, dont elle n’a plus de nouvelles depuis plus d’une vingtaine de jours. Le jeune homme de 24 ans est monté dans un bateau avec d’autres migrants avant de partir pour l’Italie.
Dans l’interview à Sputnik, la femme a raconté que les autorités italiennes ont repêché, près des côtes, une jeune qui avait affirmé se trouver dans le même bateau qu’Ayman et qu’elle était la seule survivante du naufrage. La police italienne a ensuite trouvé trois corps de migrants du même bateau mais Ayman n’était pas parmi eux.
"Il reste à espérer que le corps sera retrouvé. J'ai déjà effectué les tests ADN nécessaires pour qu'il puisse être identifié par les autorités italiennes. J'aimerais récupérer au moins le corps de mon fils, s'il est vraiment mort. Jusqu'à présent, je ne crois pas du tout à sa mort, bien que je me rende presque tous les jours au ministère des Affaires étrangères pour des procédures de recherche du corps ", a-t-elle ajouté.
"Nous voulons savoir la vérité"
L’habitant de la ville tunisienne Rafraf, Khoumadi as-Saliti, âgé de 35 ans, garde toujours l’espoir de retrouver vivant son neveu porté disparu lors de son voyage clandestin vers les côtes italiennes. Il explique que la famille du jeune homme ne sait rien de son périple.
"Jusqu’à présent nous ne savons pas si les autorités italiennes ont retrouvé son corps ou non, peut-être, il s’est noyé quelque part dans la mer, ou son bateau a naufragé près des côtes italiennes ou en haute mer. Ou, peut-être, il a été jeté à l’eau après une bagarre. Nous voulons savoir la vérité sur le sort de nos enfants", a-t-il indiqué.
D’après lui, le consulat italien en Tunisie n’a rien fait pour aider les familles de migrants portés disparus et les gens sont obligés de s’adresser au ministère tunisien des Affaires étrangères, ce qui leur prend beaucoup du temps.
"Les familles des morts et des personnes portées disparues y viennent presque chaque jour. Mais nous n’avons besoin de rien, nous ne demandons pas d’argent. Rendez-nous les corps de nos enfants. Nous ne voulons que savoir la vérité. Parce que l’Europe d’aujourd’hui, c’est l’enfer qui dévore nos enfants. Il faut mettre fin à cela", a-t-il conclu.
Des chiffres records
Selon les récentes données du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), quelque 16.292 migrants irréguliers tunisiens sont arrivés en Italie depuis le début cette année. Le chiffre est donc en hausse par rapport aux deux années précédentes (14.342 migrants en 2021 et 11.212 en 2020).
Parmi ces migrants, 3.430 sont des mineurs (contre 2.492 et 1.607 personnes en 2021 et 2020 respectivement). Le FTDES note que le nombre de victimes et de disparus de différentes nationalités s'est élevé depuis janvier 2022 et jusqu'à septembre dernier à 544 personnes. Dans le même temps en 2022, les autorités tunisiennes sont parvenues à empêcher 29.129 migrants irréguliers de quitter leurs côtes en direction de l'Italie.