Afrique en marche

Un ancien ministre algérien reproche aux ex-pays colonisateurs la vision exploitatrice du monde

L’Afrique en marche, émission de Sputnik Afrique, se penche aujourd’hui sur l’héritage de la révolution algérienne contre le système colonial français. Le 1er novembre, elle a fêté ses 68 ans. Un ancien ministre algérien de l’Industrie et un historien reviennent sur les acquis de l’Algérie et la question mémorielle.
Sputnik
Le 1er novembre 1954 est devenue une date emblématique pour les Algériens. Un des épisodes de lutte de l’Afrique contre la colonisation.
Pourtant près de 70 ans après l’indépendance, la majorité des pays africains, ayant établi des liens économiques avec leurs anciennes métropoles, n’arrivent toujours pas à décoller sur le plan industriel, scientifique et technologique.
Pour l’ancien ministre algérien de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, c’est "la vision coloniale exploitatrice du monde qui s’affiche dans les actes et la diplomatie agressive de ces pays [ex-colonisateurs, ndlr]" qui en est la principale raison. "Je ne pense pas qu’il y en ait un seul qui puisse penser à aider ses ex-victimes et supplétifs à se transformer en alliés et rivaux économiques et commerciaux", estime-t-il.
En guise d’exemple, il explique que "si jamais les constructeurs automobiles occidentaux relocalisent leurs usines en Europe, ils laisseront un terrain vague dans les pays africains qui les ont accueillies", puisqu'il "n’y a pas encore d’industrie automobile africaine même à 40% de taux d’intégration".

Pourquoi la question mémorielle n’avance pas

La France considère toujours aussi bien l’Algérie que les autres pays africains "comme s’ils étaient encore des colonies françaises", estime pour sa part le Pr Rouadjia, spécialiste en histoire et en sociologie politique.
Et d’ajouter qu’il y a "un paradoxe incurable" chez beaucoup d’élites politiques et intellectuelles françaises qui mettent sur le même pied d’égalité les victimes des deux côtés en les considérant comme "collatérales et faisant partie d’un même panier".
"Tout se passe comme si l’Algérie était l’égale de la France dans cette tragédie qui a duré 132 ans, comme si l’Algérie n’était pas dominée, colonisée, torturée et massacrée", conclut-il, affirmant que "c’est ça le problème de la réconciliation franco-algérienne proposée par Macron et ses experts [faisant allusion au rapport Stora, ndlr]".
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