Après la France, c'est le musée d'histoire naturelle de Londres et l'université de Cambridge qui se sont dits d’accord pour coopérer avec un pays africain, à savoir le Zimbabwe, afin de restituer les restes humains emportés à l'époque coloniale. Paris a en effet remis à l’Algérie en 2020 24 crânes de résistants algériens datant de la conquête coloniale au XIXe siècle, et est prêt à lui restituer les deux derniers restants.
Ces déclarations interviennent après l'entretien d'une délégation du Zimbabwe avec des responsables des deux institutions, relate la BBC. Les Zimbabwéens recherchent – en vain pour l'instant – les crânes de héros anticoloniaux de la fin du XIXe siècle, qui, selon eux, pourraient se trouver au Royaume-Uni.
Les autorités du Zimbabwe soupçonnent depuis longtemps que les restes de certains des dirigeants d'un soulèvement contre la domination britannique dans les années 1890, connus sous le nom de Chimurenga, aient été emportés au Royaume-Uni en tant que trophées.
Une recherche muséale
Le personnage le plus important parmi ces héros était Mbuya Nehanda, une femme exécutée à Harare, actuelle capitale, et très vénérée dans le pays.
Le Zimbabwe, jadis connu sous le nom de Rhodésie, a obtenu son indépendance en 1980. Avec le cri de mort "mes os vont sûrement s'élever", Nehanda est devenue un symbole puissant pour ceux qui luttent contre la domination de la minorité blanche à partir de la fin des années 1960.
Le musée d'histoire naturelle a fait une recherche dans ses archives et a découvert 11 restes "qui semblent être originaires du Zimbabwe". Il s'agit notamment de trois crânes pris en 1893, que l'on pense provenir de la deuxième ville du Zimbabwe, Bulawayo, ainsi que de restes découverts dans des puits de mine et des fouilles archéologiques et donnés plus tard. Aucune trace de Nehanda n'a cependant encore été trouvée.
Le laboratoire Duckworth de l'Université de Cambridge a pour sa part indiqué à la BBC qu'il avait "un petit nombre de restes humains du Zimbabwe", mais qu'il n'avait identifié aucun de ceux-ci comme appartenant à des personnalités de la résistance.
La recherche se poursuit
À l'époque coloniale, des parties de corps étaient parfois retirées des champs de bataille ou déterrées des tombes, soit comme trophées, soit pour la recherche dans un domaine scientifique désormais discrédité.
Le gouvernement zimbabwéen pense que, d'une manière ou d'une autre, les crânes des héros nationaux se sont retrouvés dans les archives d'un musée britannique.