"Une nouvelle génération africaine a décidé de refuser la domination de l’Occident"

Le militant panafricain Kémi Séba a témoigné auprès de Sputnik du rôle de l’Afrique dans le monde et de ses relations avec la Russie. Pour lui, ce n'est pas à l'Occident de décider avec qui l'Afrique doit tisser des liens.
Sputnik
Présent au deuxième Forum international "Russie-Afrique: quelle est la suite?", qui se tient du 24 au 26 octobre à Moscou, le militant panafricain, Kémi Séba, s’est exprimé dans une interview accordée à Sputnik sur le rôle de l’Afrique dans le nouvel ordre mondial.

"Dans ce monde multipolaire il y a un bouleversement, dans le sens où une nouvelle génération africaine, dont je fais partie, a décidé de prendre son destin en main et de refuser la domination de l’Occident pour s’assumer elle-même et accomplir son propre destin", a-t-il indiqué.

Selon M.Séba, "l’Afrique peut être un nouveau centre de gravité".

"L’Afrique est le seul Messie de son destin"

Sans oublier les principes du colonialisme, l’Afrique rejette "la dictature occidentale néo-libérale de l’élite occidentale". Et des mobilisations antifrançaises qui ont lieu dans plusieurs pays du continent, le prouvent.

"Le gouvernement français est tellement arrogant et tellement négrophobe qu’il pense que les contestations qui ont lieu aujourd’hui sont juste le fruit d’une manipulation russe qui génère un sentiment anti-français. Ils ont tellement cette conviction que tout ce qu’ils font est bon, qu’ils sont incapables d’accepter que les colonisés veuillent au bout d’un moment se révolter. Ce ne sont pas les Russes qui ont créé ce sentiment. C’est nous-même qui l’avons créé", explique Kémi Séba.

Et d’ajouter: "L’Afrique est le seul Messie de son destin".
Kémi Séba au deuxième Forum international "Russie-Afrique: quelle est la suite?" à Moscou

Partenariat avec la Russie

Selon M.Séba, "ce n’est pas à l’Occident de déterminer avec qui l’Afrique tisse des partenariats solides".
"On veut des partenariats avec des nations qui sont opposées à l’hégémonie occidentale. La Russie en fait partie, elle n’est pas la seule, il y a le Vénézuela, le Cuba, la Chine, la Turquie et l’Iran. Cela fait partie du schéma de contestation".
Quant à la présence de drapeaux russes, le militant y voit aussi "une sorte de contestation, de provocation des masses africaines parce qu’elles savent que la Russie est aujourd’hui un pays détesté par les élites occidentales". "Mais cela ne signifie pas que la Russie est notre Messie. Nous sommes les Messies de nous-mêmes".
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