Après que deux compagnies aériennes charters, Titan Airways et AirTanker, qui effectuaient des vols d’expulsion vers le Rwanda de personnes en situation irrégulière au Royaume-Uni, ont jeté l’éponge, un transporteur basé à Majorque, Privilege Style, est devenu "la compagnie aérienne de dernier recours".
Selon le Guardian, un avion exploité par Privilege Style a déjà tenté de transporter des demandeurs d'asile vers ce pays d'Afrique de l'Est en juin, mais a été bloqué par une décision de la Cour européenne des droits de l'homme.
Après cette tentative avortée, la compagnie aérienne a décidé de se retirer du programme. Pour l’annoncer elle a adressé une lettre à l’association caritative Freedom from Torture qui avait mené la campagne sous le hashtag #StopTheFlights.
Privilege Style a notamment déclaré qu’elle "n’opérera plus de vols vers le Rwanda à l'avenir. Qu'il n'a jamais volé vers le Rwanda depuis que le seul vol prévu pour juin 2022 a été suspendu".
La semaine dernière, des militants de Freedom from Torture avaient décerné à l'entreprise le prix de la "pire compagnie aérienne de l'année" au siège du transporteur à Palma devant les médias.
Les militants profitent d’un match de football
Les militants ont également profité du fait que parmi les clients VIP de la compagnie aérienne il y avait plusieurs entreprises et les meilleurs clubs de football espagnol.
Toujours la semaine dernière ils ont organisé une action en marge du match Real Madrid-Barcelone à Madrid en tenant des banderoles indiquant: "Ne volez pas avec Privilege Style pendant qu'ils profitent de la douleur des réfugiés."
"La décision de Privilege Style de ne plus envoyer de survivants de la torture au Rwanda, envoie un message à l'industrie aéronautique : si vous essayez de profiter de la douleur des réfugiés, vous serez tenu responsable", a déclaré au Guardian Kolbassia Haoussou, survivante de la torture et directrice de Freedom from Torture.
Un accord financé à hauteur de 144 millions d’euros
En avril le Rwanda a signé un accord avec le Royaume-Uni pour accueillir sur son sol des migrants et demandeurs d’asile de diverses nationalités acheminés du Royaume-Uni.
En vertu de l'accord annoncé jeudi, Londres financera dans un premier temps le dispositif à hauteur de 120 millions de livres sterling (144 millions d'euros). Le gouvernement rwandais a précisé qu'il proposerait aux personnes accueillies la possibilité "de s'installer de manière permanente au Rwanda" si elles "le souhaitent".
En envoyant des demandeurs d'asile à plus de 6 000 kilomètres du Royaume-Uni, le gouvernement veut décourager les candidats au départ vers le Royaume-Uni, toujours plus nombreux.
L’accord a été critiqué par le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et par Amnesty International.