À l’heure où les rumeurs sur une guerre nucléaire atteignent leur paroxysme, attisées par l’Occident et ses médias, voici un tour d’horizon sur les doctrines officielles des pays possédant cette arme.
La Chine
C’est le membre du club nucléaire qui s’interdit toute frappe préventive depuis 1968. Le ministère des Affaires étrangères a publié en 2005 un livre blanc réaffirmant que la Chine ne serait pas la première à utiliser des armes nucléaires, en aucune circonstance. De plus, ce document indique que la politique de non-utilisation en premier restera inchangée à l'avenir.
La Russie
Le pays est adepte de politique de dissuasion de l’adversaire, assurée par l’ensemble des armements et forces, dont nucléaires.
Avant 2020, la Russie se tenait à la conception d’une frappe de riposte et à l’utilisation du système Perimeter ou "Main morte" qui prévoit le lancement automatique des missiles balistiques intercontinentaux. C’est la dissuasion destructive.
En 2020, une nouvelle doctrine militaire a été adoptée. Elle envisage une frappe préventive dans quatre cas:
la réception d’informations sûres quant au lancement de missiles balistiques à l’encontre de la Russie et de ses alliés,
l’utilisation d’armes nucléaires ou d’autres types d’armes de destruction massive contre la Russie ou ses alliés,
l’attaque contre les installations nationales stratégiques ou militaires assurant le fonctionnement des forces nucléaires,
l’agression contre la Russie avec une arme conventionnelle menaçant l’existence de l’État.
Les États-Unis
Ils évoquent la possibilité d’un tir nucléaire "uniquement dans les circonstances exclusives pour défendre les intérêts vitaux du pays, ainsi que ceux de ses alliés et partenaires", peut-on lire dans un rapport sur la doctrine nucléaire américaine publiée en 2018.
En plus de cela, Washington a misé sur la politique de dissuasion de ses adversaires. Il s’est également mis pour objectif de faire comprendre à ses ennemis potentiels toutes les conséquences s’ils frappent en premier.
Dans un papier signé par le Pentagone en 2019, et qui a brièvement fuité sur le Net, les États-Unis ont estimé que "l’emploi d’armes nucléaires pourrait créer les conditions pour des résultats décisifs et la restauration de la stabilité stratégique".
Enfin, "l’emploi des armes nucléaires peut radicalement altérer ou accélérer le déroulement d’une campagne. Une arme nucléaire pourrait être introduite dans le cours de la campagne du fait de la perception d’un échec d’une campagne militaire classique, d’une possible perte de contrôle ou de régime […], ou pour procéder à l’escalade afin de proposer un règlement pacifique en des termes plus favorables".
La France
L’Hexagone, seul pays atomique parmi les membres de l’UE, mène aussi une politique de dissuasion qui protège les intérêts vitaux du pays. En 2020, Emmanuel Macron a indiqué que ces intérêts vitaux s’étendent à l’échelle européenne.
La force de dissuasion est basée sur trois principes, peut-on lire sur le site gouvernemental Vie Publique: la permanence de surveillance, la suffisance des moyens et la souplesse géostratégique consistant à adapter l’outil de dissuasion au contexte technologique et militaire.
En 2008, Nicolas Sarkozy, président de la République à l’époque, a proclamé que "l'ouverture du feu nucléaire ne pourrait se faire que dans des 'circonstances extrêmes de légitime défense'". Sous la présidence de François Mitterand, la France pouvait "délivrer un ultime avertissement", soit "une frappe unique". La disposition a été supprimée par Jacques Chirac.
Le Royaume-Uni
Le pays se réserve le droit de recourir à son potentiel nucléaire en cas d’agression. C’est le Premier ministre qui est autorisé à donner un tel ordre. En août, la nouvelle cheffe du gouvernement s’est déclarée "prête à remplir cette obligation".