Le président du Groupe de la Banque mondiale (BM), David Malpass, et la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), Kristalina Georgieva, ont mis en garde, ce lundi 10 octobre à Washington, contre le risque élevé d'une récession mondiale lors de l'ouverture des assemblées annuelles des deux institutions internationales.
Mme Georgieva, a indiqué qu'au cours de ces trois dernières années, "on a vécu des événements impensables avec des conséquences effroyables". Elle a ainsi noté que le risque de récession a beaucoup augmenté, ajoutant qu'un tiers des économies mondiales connaîtront deux trimestres consécutifs au moins de contraction cette année et l'année suivante.
Le montant total qui sera effacé par ce ralentissement de l'économie mondiale d'ici 2026 s'élèvera à 4000 milliards de dollars - soit l'équivalent du PIB de l'Allemagne - qui vont partir en fumée, a noté la directrice générale du FMI.
Ce ralentissement est le résultat des effets du Covid-19 sur les chaînes d'approvisionnement et de l'opération russe en Ukraine. Les conséquences sont l'augmentation des prix des produits de base, notamment les denrées alimentaires, et l'inflation élevée et tenace, a-t-elle expliqué.
Les trois puissances économiques mondiales en recul
La Directrice générale du FMI a relevé le ralentissement des trois grandes puissances économiques mondiales.
Tout d'abord dans la zone euro, à cause de l'explosion des prix du gaz, en Chine, en raison des perturbations causées par la pandémie et l'instabilité du secteur immobilier, et enfin aux États-Unis,, qui, en dépit d'un marché du travail très dynamique, voient ses activités économiques s'essouffler à cause de la hausse des taux d'intérêt, a-t-elle expliqué.
"On assiste à une profonde mutation entre un monde assez prévisible, avec une faible inflation et de faibles taux d'intérêt, vers un monde plus instable et plus fragile avec des conséquences auxquelles nous devons faire face dès cette semaine à Washington," a estimé la chef du FMI.
"La situation est difficile pour tout le monde et particulièrement pour les pays en développement," a-t-elle ajouté.
De son côté, M.Malpass a relevé que beaucoup d'économies voient leurs activités ralentir. C'est le cas notamment en Europe, a relevé le chef de la BM, qui n'écarte pas un risque de récession dès l'année prochaine.
Problèmes des pays en développement
La dépréciation des monnaies est un autre problème de taille, a-t-il dit, ajoutant que le niveau d'endettement des pays en développement devient lourd.
La hausse des taux d'intérêt et l'inflation sont difficiles surtout pour les pays en développement, a ajouté M.Malpass, qui a rappelé que des millions de personnes basculent dans la pauvreté.
Les pays développés absorbent la majeure partie des capitaux, ce qui complique davantage la situation pour les pays pauvres, a indiqué le chef de la Banque Mondiale, qui a également relevé d'autres problèmes, notamment ceux liés à l'éducation et l'énergie, la pénurie d'engrais et des récoltes moins bonnes.
S'agissant des recommandations, il a jugé nécessaire que davantage de ressources soient dirigées vers les pays en développement, ajoutant qu'il faudrait également augmenter la production et la croissance, "d'abord par les pays avancés qui ont davantage de marges de manœuvre".
M.Malpass a aussi mis en avant la nécessité d'aider les pays à se doter de meilleures politiques, avec moins de subventions aux tranches ayant des revenus supérieurs et plus de soutien et de finances inclusives pour les femmes et les petites entreprises.
"Il nous faut aussi aller rapidement pour créer des espaces budgétaires pour les problèmes climatiques qui se produisent dans plusieurs pays en développement," a-t-il ajouté.
Tenues du 10 au 16 octobre, les assemblées FMI-BM offrent une plateforme permettant aux décideurs politiques, gouverneurs des banques centrales, experts financiers, économistes, parlementaires et ONG de débattre d'un large éventail de questions urgentes allant de la croissance inclusive à l'alimentation en passant par l'énergie et l'éducation, entre autres.