Risque d’"apocalypse nucléaire": une situation difficile à désamorcer

Jeudi 6 octobre, le Président des États-Unis a déclaré que le monde n’a pas connu un si grand risque d’"apocalypse nucléaire" depuis la crise des missiles cubains. Le directeur du Réseau mondial contre les armes et l'énergie nucléaire dans l'espace estime que la situation est beaucoup plus dangereuse qu’en 1962.
Sputnik
Intervenant jeudi 6 octobre à New York, Joe Biden a déclaré que le monde n’avait pas "fait face à la perspective d’une apocalypse depuis Kennedy et la crise des missiles de Cuba en 1962".
Il évoque ainsi la crise de 13 jours en 1962 lorsque les États-Unis avaient découvert la présence à Cuba d’armes nucléaires soviétiques.
Vladimir Poutine "ne plaisante pas lorsqu’il parle de l’utilisation potentielle d’armes nucléaires tactiques", a-t-il ajouté, faisant porter la responsabilité de l’escalade sur la Russie.
Bruce Gagnon, directeur du Réseau mondial contre les armes et l'énergie nucléaire dans l'espace (Global Network Against Weapons and Nuclear Power in Space), a commenté pour Sputnik les propos du Président américain.
En expliquant la rhétorique dure de M.Biden, l’expert signale que Washington est en pleine crise de nerfs et souhaite riposter à quiconque ose résister à sa "domination totale".
Après avoir longtemps utilisé un discours fort pour dominer en s’appuyant sur une force militaire brutale, les États-Unis sont actuellement "un empire militaire et économique qui s’effondre".

Le contexte de cette déclaration de Biden

Alors que la Russie, la Chine, l'Iran et une grande partie des pays du Sud se lèvent, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Otan ne connaissent pas d'autre moyen de réagir qu’en faisant jouer les muscles militaires et en recourant à une rhétorique dure.
"Les États-Unis sont incapables de négociations sérieuses pour limiter les armes nucléaires, les guerres pour le contrôle des ressources ou le respect de la souveraineté nationale des autres nations."
Bruce Gagnon estime que les États-Unis sont "tout à fait capables d’introduire une bombe nucléaire sale ou de frapper le Donbass en utilisant des armes nucléaires de champ de bataille actuellement déployées en Allemagne, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Turquie et au Royaume-Uni".
Selon lui, ce serait un signe de désespoir après le rattachement à la Russie de quatre nouvelles régions et la mobilisation de 300.000 réservistes. Cela veut dire que les jours de Kiev sont comptés, mais Washington ne sait pas perdre.

Comment désamorcer la situation

"Ce sont des temps très dangereux. Washington et les élites de l'UE sont actuellement disposés à prolonger cette guerre. Les États-Unis veulent un changement de régime à Moscou et l'éclatement de la Russie en petits pays qui permettraient à l'Occident avide de ressources de s'emparer des richesses naturelles de la Russie."
Interrogé sur la façon de désamorcer la situation, l’expert estime que cela demande une mobilisation publique active à travers l’UE et les États-Unis. Cependant, trop de gens sont sensibilisés à la diabolisation de la Russie par les médias.
"La pression sur les politiciens doit augmenter dans tout l'Occident si nous espérons échapper à ce moment de fragilité actuelle", estime l’expert.

Différence entre 2022 et 1962

D’autant plus que la situation actuelle est, selon lui, "encore plus dangereuse qu'en 1962".
Il trouve que la différence majeure réside dans le fait que pendant la crise des missiles de Cuba, le Président Kennedy avait, au moins, réussi à ne pas suivre les conseils de ses principaux généraux qui le poussaient à la guerre contre l'ex-Union soviétique.
"Aujourd'hui, les néoconservateurs contrôlent le gouvernement américain et ils ont une longue et moche expérience dans le déclenchement de guerres malgré de terribles résultats."
En guise d’exemples, il cite l'Irak, l'Afghanistan, la Libye, le Yémen, la Syrie et le continent africain qui ont souffert de longues luttes chaotiques lancées par les États-Unis et l'Otan.
La situation s’aggrave du fait que les États-Unis possèdent des bases de lancement de missiles en Roumanie et en Pologne d’où des missiles de croisière à capacité nucléaire de première frappe pourraient atteindre la Russie en quelques minutes. Dans le même temps, les États-Unis et l'Otan ont leurs services de renseignement et leurs forces spéciales à l'intérieur de l'Ukraine qui mènent la guerre contre la Russie.
"Avec l'Otan en constante expansion, ces réalités indiquent que cette guerre est beaucoup plus grave que ce qui s'est passé en 1962."
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