Le Président de la transition du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un coup d'État en janvier dernier, a été démis de ses fonctions, ont annoncé des militaires, le 30 septembre au soir, sur la télévision nationale.
"Le lieutenant-colonel Damiba est démis de ses fonctions de Président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration" (MPSR, organe dirigeant), ont déclaré les militaires dans un communiqué lu par un capitaine sur la télévision nationale burkinabé.
Le nouvel homme fort du pays, désigné président du MPSR, est désormais le capitaine Ibrahim Traoré, a-t-il ajouté.
Les militaires ont également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes du pays à partir de minuit, ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée législative de transition. Un couvre-feu de 21H00 à 05H00 est aussi mis en place.
Les militaires invoquent "la dégradation continue de la situation sécuritaire" dans le pays.
"Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, animés d'un seul idéal, la restauration de la sécurité et de l'intégrité de notre territoire", ont-ils déclaré.
Coopération militaire avec la Russie
La journée de vendredi a été très tendue dans la capitale burkinabè, des tirs ayant été entendus avant l'aube dans le quartier abritant la présidence et le QG des rebelles, selon plusieurs témoins, puis à nouveau en début d'après-midi.
Plusieurs axes de la ville ont été barrés toute la journée par des militaires postés sur les principaux carrefours de la ville, notamment devant le siège de la télévision nationale.
Dans l'après-midi, plusieurs centaines de personnes, dont certaines brandissaient des drapeaux russes, se sont rassemblées sur la grande place de la Nation à Ouagadougou pour réclamer une coopération militaire avec la Russie, rejeter la présence militaire française au Sahel et exiger le départ du lieutenant-colonel Damiba, a constaté une journaliste de l'AFP.
Attaques meurtrières récurrentes
Depuis 2015, les attaques récurrentes de mouvements armés affiliés aux djihadistes d'Al-Qaïda et du groupe État islamique, principalement dans le nord et l'est du pays, ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.
Depuis l'an dernier, le Burkina est devenu l'épicentre des violences dans le Sahel, avec plus d'attaques meurtrières qu'au Mali ou au Niger en 2021, selon l'ONG Acled.
Plus de 40% du territoire est hors du contrôle de l'État, selon des chiffres officiels.