"Acte odieux" et "double violence": une mineure marocaine meurt dans un avortement clandestin

"Exploitée sexuellement" par un homme, une mineure marocaine est décédée lors d’un avortement clandestin. Quatre personnes ont été interpellées, dont la mère de la défunte. Une association féministe dénonce un acte odieux.
Sputnik
Une adolescente marocaine de 14 ans est décédée dans la nuit du 6 au 7 septembre, dans la commune de Boumia, au Maroc, lors d’une opération clandestine d'avortement, relate le 15 septembre le site Medias24.
Les faits se sont produits au domicile d'un jeune homme "qui exploitait sexuellement la victime", a précisé dans un communiqué, relayé par le média, la coalition d'associations féministes marocaines "Printemps de la dignité".
Selon Hassan Bouziane, directeur provincial de la Santé à Midelt, cité par le journal, qui se réfère aux premiers éléments de l’enquête, "la mort a pu être causée par un problème lors de l’anesthésie".
Le média précise que cette affaire implique quatre individus, qui étaient présents au moment des faits. Il s’agit de la mère de la mineure, de l’auteur présumé du viol, d’un technicien en provenance d’un établissement de santé d’Azrou et d’une sage-femme.
M.Hassan a déclaré au média que cette dernière, "employée à l’hôpital provincial de Midelt" depuis plus de quatre ans, "avait des états de service irréprochables".
D’après lui, "aucun matériel issu de l’hôpital provincial de Midelt n’a été utilisé lors de l’avortement clandestin".
L’opération fatale pour l’adolescente a eu lieu dans des conditions insalubres et dans un environnement non médicalisé, rapporte Medias 24.
Lorsque le décès de la fille a été constaté, les personnes impliquées ont alerté l’ambulance. Cependant, selon le directeur provincial de la Santé, les équipes d’intervention ont refusé de la transporter avant l’arrivée des forces de l’ordre.
Arrivée sur place, la Gendarmerie royale a interpellé les quatre individus impliqués. Le corps de la défunte devra subir une autopsie.
Le journal précise que l’enquête est en cours et pourrait déterminer une cinquième arrestation.

Indignation féministe

Cet accident a relancé le débat sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au Maroc, où elle est passible de six mois à cinq ans de prison. D’après le Code pénal, la femme qui avorte risque de six mois à deux ans de prison, et les personnes qui pratiquent l’acte, d’un à cinq ans de prison.
La coalition "Printemps de la dignité" a condamné dans son communiqué un "acte odieux" et la "double violence" dont la mineure a été victime. Il s’agit notamment d’"un viol qui a abouti à une grossesse et à un avortement clandestin dans des conditions dangereuses".
Une réforme radicale du Code pénal, en harmonie avec les principes de la Constitution et des accords internationaux, "pour que ce drame ne se répète pas", a aussi été exigée par les militantes.
En outre, "Printemps de la dignité" a recommandé d’élaborer un plan de prévention contre les grossesses non désirées.
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