Sergueï de son nom de baptême est en Russie depuis deux semaines. Venu de République Centrafricaine pour rejoindre l’église orthodoxe du Patriarcat de Moscou, il a beaucoup à faire. En trois mois, il doit étudier les doctrines principales et maîtriser la célébration des offices dans le rite russe.
Pourquoi cette décision?
Sergueï explique son abandon du catholicisme par "la vocation". À la recherche d’authenticité, d’une église plus conservatrice et fidèle aux traditions apostoliques, il s’est tourné vers l’orthodoxie. Un chemin qui n’a pourtant pas été facile pour lui. Comme il n’existait pas d’église orthodoxe en Centrafrique, il lui a fallu effectuer un voyage au Cameroun, où l’homme a été ordonné prêtre en 2010. À son retour, il est devenu ainsi "le premier missionnaire, celui qui a annoncé pour la première fois la foi orthodoxe dans la RCA". Or, à ce moment-là, il dépendait encore du patriarcat de Constantinople à ce moment-là.
"Malheureusement, nous avons constaté avec amertume que l’église orthodoxe byzantine n’avait pas totalement le vrai enseignement sur la foi orthodoxe. Donc il y avait beaucoup de fautes, beaucoup de déviations, on n’était pas dans le nimbe de l’orthodoxie", confie-t-il à Sputnik.
C’est alors que le chemin le mène à Moscou. Avec la bénédiction du métropolite Léonid, exarque du patriarche russe en Afrique, le père Georgui Maksimov, chef du département missionnaire de l’exarchat du Patriarche en Afrique, est venu faire sa profession de foi et a intégré la communauté dans l’église orthodoxe, désormais russe.
Sergueï Voyemawa à l’église Saint-Nicolas à Moscou
© Photo église Saint-Nicolas à Novaya Sloboda ( Moscou)
Liturgie en français en plein cœur de Moscou
Dans le clergé de Moscou, on a pu trouver assez d’enseignants maîtrisant la langue française. Sergueï étudie le dogme, a des cours sur la pénitence. À l’église Saint-Nicolas de Novaya Sloboda, à Moscou, il a la possibilité de participer à la liturgie, à la prière et aux offices. La liturgie en français est aussi prévue.
À la découverte de la Russie
Même s’il est venu à Moscou avant tout pour adopter la foi, Sergueï a trouvé le temps de faire connaissance avec la Russie et ses habitants qui sont, selon lui "nobles, respectueux, gentils". Malgré le cliché des Russes "méchants, racistes" dont on lui a rebattu les oreilles, le futur prêtre partage une expérience tout à fait inverse.
"J’ai beaucoup aimé l’attitude, la manière… Ils sont très mobiles; les gens travaillent, ils vont vite. Ça nous donne de l’espérance à nous Africains, de voir comment on peut être mobiles et travailler pour faire avancer le pays. J’aime la moralité et la manière, la culture russe déjà."
"La Russie n’a jamais colonisé un pays africain"
La RCA n’a que 62 ans d’existence indépendante et c’est un pays qui a "trop souffert sous l’emprise de la guerre, des rébellions", raconte M.Voyemawa. Alors, dans cette situation, la Russie apporte "un peu d’espoir et d’émergence".
"Si vous voyez dans l’histoire, la Russie n’a jamais colonisé un pays africain. Dans l’objectif de la Russie aujourd’hui il y a le développement des pays africains, donc la Russie est la bienvenue en Afrique et en Centrafrique."
Et ensuite?
Dans trois mois, Sergueï quittera la Russie. Avant cela, il doit recevoir la succession apostolique depuis l’ordre du diaconat jusqu’à la prêtrise, selon la décision de la hiérarchie de l’église. De retour dans sa patrie, M.Voyemawa va "annoncer la foi orthodoxe comme l’enseignaient les saints pères des 7 conciles" à ses frères centrafricains.
"Ma mission, c’est d’annoncer l’Évangile selon la révélation divine, selon l’enseignement des saints pères. C’est déjà intéressant de prier pour les malades, d’enseigner la catéchèse orthodoxe."
Et pour Moscou, ce n’est pas non plus la fin de l’aventure. Des stagiaires du Nigeria, du Malawi, du Cameroun et d’autres pays du continent africain comptent suivre les pas de la RCA.