L’Australien Julian Assange, connu dans le monde entier pour son projet de publication d’informations secrètes Wikileaks, est la victime de répressions politiques, judiciaires et médiatiques, expose Nils Melzer, rapporteur spécial sur la torture mandaté par le Conseil des droits de l’homme de l’Onu, dans un article du Monde diplomatique.
"En enquêtant sur le cas de Julian Assange, j’ai trouvé des preuves irréfutables de persécution politique et d’arbitraire judiciaire, ainsi que de torture et de mauvais traitements délibérés", écrit-il.
L’enquête de M.Melzer n’a pas suscité l’enthousiasme des pays concernés, bien au contraire.
"Les États responsables ont pourtant refusé de coopérer avec moi pour engager les mesures d’enquête requises par le droit international", confie l’auteur.
Attaqué de tous les côtés
Selon Nils Melzer, après la révélation des "secrets sordides des puissants, notamment les crimes de guerre, la torture et la corruption" Julian Assange a été attaqué par les autorités, les services de renseignement et les médias "des démocraties occidentales qui tiennent par ailleurs à se présenter comme exemplaires en matière de droits humains".
Dans le dos de leurs sociétés civiles, tous ces acteurs des libertés démocratiques occidentales ont conjugué leurs efforts "aux fins d’isoler, de diaboliser et de détruire délibérément un individu particulier", dénonce le rapporteur spécial de l’Onu.
L’auteur compare aussi le cas d’Assange à l’histoire de Pinochet. Il se demande pourquoi le Royaume-Uni n’a pas accusé le dictateur chilien et ne l’a pas extradé vers l’Espagne, mais, à l’encontre des valeurs démocratiques et principes de l’État de droit, serait prêt à livrer l’Australien aux Américains.
Après la décision sur son extradition, il fait appel
Depuis déjà trois ans le fondateur de Wikileaks se trouve en détention à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres. En juin, la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel a signé un décret d'extradition de Julian Assange vers les États-Unis.
Début juillet, l’Australien a fait appel de cette décision auprès de la Haute Cour de Londres. Accusé par Washington de la fuite massive de documents confidentiels, M.Assange risque 175 ans de prison sur le sol américain.