Après la visite à Riyad, en mars, du Premier ministre britannique et celle, il y a deux semaines, du Président américain, Emmanuel Macron a été le premier homme d'État occidental à rencontrer en Europe Mohamed Ben Salmane après l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Et bien que l'Élysée ait assuré que ce dîner était "nécessaire au regard de l'envolée des prix de l’énergie, de la crise alimentaire au Moyen-Orient et des inquiétudes liées au programme nucléaire iranien", la visite a suscité la colère des oppositions politiques.
"Au menu du dîner entre Emmanuel Macron et MBS le corps démembré du journaliste Khashoggi? Le chaos climatique? La paix et les droits humains (...). Non! Du pétrole et des armes! L'exact opposé de ce qu’il faut faire!", a dénoncé Yannick Jadot (EELV) sur Twitter.
Même son de cloche pour Sandrine Rousseau: "Mohammed ben Salmane sanctionne de peine de mort l’homosexualité, donne aux femmes un statut de mineures, achète des armes à la France pour tuer les civils au Yémen, commandite le meurtre de Jamal Khashoggi. MAIS a du pétrole DONC est reçu à l’Élysée", dénonce l’élue EELV sur le réseau social.
"En France, on réhabilite d’autant plus vite en période de flambée du prix du pétrole. Emmanuel Macron a choisi de quel côté penche la balance entre brut pas cher et droits humains", fustige le député du Rhône Hubert Julien-Laferrière (EELV).
"Ce n'est pas à l'Élysée, mais dans un poste de police que MBS doit être accueilli en France", a tonné le député écologiste Aurélien Taché, estimant que cette visite jetait la "honte" sur Emmanuel Macron.
Bien plus à droite de l'échiquier politique, le député européen RN Gilbert Collard dénonce, lui, une rencontre avec un dirigeant "infréquentable".
"Pour Macron, le pétrole n'a ni odeur ni horreur", tance-t-il sur Twitter.
"Un pied de nez aux valeurs des droits humains"
S’y ajoute la vive colère des défenseurs des droits de l'homme:
Face à ces réactions virulentes, la Première ministre Élisabeth Borne a indiqué qu'il ne s'agissait pas de "remettre en cause notre engagement en faveur des droits de l'homme".
"Je pense que les Français ne comprendraient pas, dans un contexte où l'on sait que la Russie coupe, menace de couper et recoupe l'approvisionnement en gaz (...) qu'on ne discute pas avec les pays qui sont précisément producteurs d'énergie", a-t-elle estimé.